En cette première semaine de la nouvelle année 2015, la directrice de la bibliothèque principale de Tipasa a gratifié le public d'une rencontre littéraire, en invitant Leïla Hamoutène venue nous parler de son livre, Le Châle de Zeineb. L'autre artiste-écrivain, Saliha Imekraz, a été chargée de l'animation de ce rendez-vous qui a réuni Leïla Hamoutène avec une assistance très majoritairement féminine. S'exprimant dans un langage cru, Mme Hamoutène décrit l'histoire du combat courageux et héroïque de la femme algérienne durant l'occupation à l'aide des phrases, de moult images en couleurs et de scènes atroces dans son livre. L'écrivaine s'est inspirée d'un site et des ouvrages pour faire défiler dans son imaginaire les récits chronologiques qui avaient marqué le passé de son pays, l'Algérie. Le Châle de Zeineb est une succession de scènes et de rôles qui ont été transmis d'une mère à sa fille à travers ce châle qui constitue un symbole dans la culture algérienne. «Ce n'est pas mon autobiographie», précise l'écrivaine. Bien entendu, elle s'est interrogé sur le recul de la femme algérienne après l'indépendance du pays (1962, ndlr), et cet oubli inexpliqué contre elles au lendemain de l'indépendance, pourtant dans les maquis elles se battaient aux côtés de leurs frères les armes à la main pour combattre le colonialisme. «On a dévalorisé le rôle de la femme algérienne jusqu'à l'occulter après 1962 ; or l'histoire relative au combat de la femme algérienne ne s'oublie pas, même sa résistance durant la période du terrorisme qui a fait très mal au peuple algérien», explique-t-elle. L'écrivaine a suscité et alimenté les débats dans ses interventions : «La vie, c'est le malheur des autres, quand on est persécutés par les malheurs, on se forge une personnalité ; le fait que la société algérienne soit violente, ce n'est pas fortuit, car elle a été traversée par ces histoires violentes pour devenir prodigieuse et arriver à anéantir grâce à ses luttes tous ces malheurs.» Mme Hamoutène trouve que le ministère de la Culture ne fait pas son travail pour regrouper les écrivains et intellectuels algériens afin de discuter sur la littérature : «Je veux que des œuvres des écrivains algériens, à l'image de celles de Mostefa Lacheraf, soient étudiées dans les lycées et les universités.» Invitée à donner son opinion sur les menaces proférées contre Kamel Daoud, l'écrivaine, sans détour, réplique : «Le roman de Kamel Daoud est un livre comme tous les autres livres des écrivains algériens. Cependant, nous avons une Constitution, nous avons une justice. Le règlement de ce problème est simple, il suffit d'arrêter ce type qui a proféré des menaces contre un intellectuel et le juger, car c'est un trouble à l'ordre public, il faut que l'Etat soit fort et fasse respecter la loi dans notre pays. A mon avis, je pense que le roman de Kamel Daoud ne gêne pas en réalité, mais j'estime que ses chroniques dérangent , il faut que les citoyens algériens se réapproprient l'histoire authentique de leur pays, en s'inspirant des événements douloureux et tragiques vécus par leurs aînés depuis le passé lointain.» Les deux lycées de Tipasa qui ont été invités à participer à cette rencontre littéraire qui a eu lieu dans l'après-midi de mardi dernier ont brillé par leur absence. Telle une bouffée d'oxygène au milieu d'une atmosphère glaciale et monotone au chef-lieu de la wilaya, la directrice de la bibliothèque principale, Mme Sebbah Sâadia, a replongé l'assistance dans un autre univers, dans lequel certains se sont apitoyés sur leur sort, en comparant la situation de la femme algérienne courageuse durant la colonisation avec celle du présent depuis l'indépendance, à travers l'explication du livre Le Châle de Zeineb, de Leïla Hamoutène.