C'est parce que les voix des femmes algériennes sont souvent étouffées que l'auteure Leïla Hamoutène a voulu leur consacrer un roman à travers Le châle de Zeineb, publié récemment aux éditions Casbah. Le châle de Zeineb est un ouvrage qui se lit facilement et vite à la fois. Dans un style des plus élaborés, l'universitaire Leïla Hamoutène remonte loin dans le temps pour narrer l'histoire de l'Algérie, en rendant un vibrant hommage à toutes ces femmes combattantes qui ont donné de tout temps le meilleur d'elles-mêmes. Ce livre se décline sous la forme d'une recherche identitaire et d'une passion pour l'histoire de l'Algérie. Lors d'une vente-dédicace organisée samedi dernier à la librairie du Tiers-Monde, Leïla Hamoutène a tenu à préciser que l'écriture de ce dernier roman Le châle de Zeineb lui tenait à cœur depuis un long moment déjà. «Dans notre histoire nationale, les femmes n'apparaissent pratiquement pas. De nombreuses femmes ont combattu de toute leur âme, mais leurs noms ne figurent pas sur la liste des héros. Elles en sont conscientes. Elles savent que l'auréole apparaîtra sur la tête de l'homme mais jamais sur la leur. Mis à part quelques noms connus de femmes combattantes de notre histoire récente, toutes les autres anonymes on n'en a cure. On a oublié ce qu'elles ont fait. On ne montre pas leur importance dans l'histoire», étaye-t-elle. L'histoire se déroule après l'invasion de l'Algérie par les troupes françaises en 1830 par le port de Sidi Fredj. Le personnage principal, Zeineb, qui n'est qu'une petite fille âgée de sept ans au moment de l'occupation, est contrainte de se sauver avec sa mère et son petit frère à cause d'un incendie volontairement allumé par les colons au sein du village. Son père a quitté sa famille pour aller se battre avec les hommes du village contre les envahisseurs. Issue de la tribu des Ben Salem, Zeineb passe ainsi le symbole de la mémoire à chacune de ses descendantes. Elle hérite ainsi du châle et du collier de sa défunte mère, morte lors d'un massacre dans une grotte. «Zeineb, djedati, mère des mères. Mes pensées vont vers toi. Tu m'habites, je puise mes forces dans ton courage, pourtant tu n'as que sept ans, j'en ai plus de vingt. On dit que je tiens de toi cette âme végétative que nos ancêtres vénéraient parce qu'elle leur était donnée avec le sang de leur mère. Zeineb, nefsi», lit-on. Ce livre de 144 pages a ce pouvoir de faire vivre au lecteur trois périodes phares : 1840 avec des séquences insoutenables de massacres, 1959 dans les arcanes d'une prison, et en 2012 à Alger où l'on retrouve la destinée de trois générations de femmes. Pour les besoins de l'écriture de ce livre, Leïla Hamoutène a effectué un véritable travail de recherche en consultant notamment les archives, et ce, durant deux années. Diplômée de l'Institut de psychologie appliquée et licenciée en langue française, Leïla Hamoutène nous explique que la femme est toujours omniprésente dans ses ouvrages. En témoignent ses précédentes publications composées de deux recueils de poésies Abîmes et Le Soleil, un roman Sang et jasmin, ainsi qu'un recueil de poèmes, L'Enfant algérien.