Les files de voitures et de motos étaient longues et les piétons étaient eux aussi de la partie. Les queues étaient interminables. Même la brigade canine de la Gendarmerie nationale participait à rétablir l'ordre. La foule compacte et nombreuse a envahi le site malgré les 700 DA officiels du billet. Il est à signaler que des billets portant mention « billets gratuits » — 500 billets « gratuits » sont donnés quotidiennement au comité des fêtes de la ville — ont été vendus à 1000 DA par des jeunes aux alentours de la Maison de la culture de Sétif. Sur le site du spectacle, régnaient le désordre et la désorganisation en maîtres absolus. Les spectateurs ne trouvaient pas les places qu'ils avaient payées. Une distribution de chaise a été improvisée avant le début du gala. Comme un malheur n'arrive jamais seul, un orage a éclaté et les gens ont dû rester une heure sous une forte pluie. Des protections de fortune ont été improvisées par les spectateurs (des cartons, des sachets en plastique, des dossiers de chaises…) La foule était nombreuse, des familles avec bébés, des vieilles personnes, des jeunes, des journalistes ont été malmenés par les vigiles chargés de la sécurité sur les lieux. Ces « Rambo » s'en prenaient à tout le monde. Les spectateurs étaient empêchés de se lever, de danser, de se dégourdir les jambes et même d'essayer de s'abriter de la pluie. Ils avaient, semble-t-il, reçu l'instruction d'empêcher les gens de respirer. Un père de famille a échappé de justesse à un passage à tabac pour la simple raison qu'accompagné de sa famille, il cherchait des chaises. Des jeunes qui se sont levés à l'entrée de Khaled ont failli être lynchés. « On se demande d'où ils sortent ces enragés. Ils sont pires que des pitbulls. On est là pour passer du bon temps, voir Khaled et danser. Mais ces gens nous en empêchent… », racontent quelques jeunes malmenés par ces vigiles. « Hier, une jeune dame voulait s'approcher de Zahouania, elle a été carrément bouffée par l'un de ces vigiles », ajoute l'un d'entre eux. Des journalistes ont été insultés et agressés par des gendarmes. Malgré les badges imposés par les organisateurs, les journalistes ne pouvaient vaquer à leurs occupations. Là où les vigiles voyaient « presse », ils barraient la route et même de façon très violente. Tous les journalistes et même ceux du sérail étaient agressés. Excédée, une grande majorité des gens de la presse ont décidé de se retirer et de ne pas couvrir la soirée pour dénoncer le mépris et la violence dont ils ont été victimes. D'autres actions de protestation seront décidées après consultation avec les membres de la corporation. Les gens de la presse ont subi la répression et le mépris. Ils revendiquent leur honneur et le respect dus à leur métier.