“Jamais, au grand jamais, Ghardaïa n'a vécu pareils moments de joie. Même à l'Indépendance du pays, alors que j'avais 14 ans, c'était très loin de ce qui se passe en ce moment et, comme tout le peuple algérien, je suis heureux de vivre ces moments exceptionnels”, affirme aami Bakir, septuagénaire, les larmes aux yeux. La vallée du Mzab est entrée en transe dès le coup de sifflet final consacrant la qualification de l'Algérie à la Coupe du monde 2010 au pays de Mandela. Une foule immense, drapée dans tout ce qui symbolise les couleurs nationales emblèmes, écharpes, survêtements, maillots, bandanas, chapeaux de toutes dimensions, a pris possession de la rue, dansant et chantant à pleine gorge tous les hymnes à la gloire de l'équipe nationale de football qui a terrassé l'arrogance égyptienne. Des familles entières se sont ruées dehors pour hurler leur amour de la patrie “One, two, three, viva l'Algérie”. Des milliers de voitures, camions, bus, motos et tout ce qui pouvait rouler, à l'image de ce paraplégique qui a tenu à participer avec son fauteuil roulant drapé dans un grand drapeau national, ont envahi la chaussée créant un immense embouteillage au centre. Dans cette région traditionnellement conservatrice, des milliers de femmes et de jeunes filles vêtues aux couleurs nationales étaient, qui dans une voiture ou autre, qui sur les trottoirs apportant leur touche de joie par des youyous. De Dhaia Ben Dahoua à Benghenem, de Theniet El Makhzen à Sidi Abbaz, de Mermed à Hadj Messaoud, tous les quartiers de Ghardaïa étaient en effervescence nuit et jour.