Plus de 25 000 personnes ont marché dimanche à Montréal pour dénoncer les attaques terroristes de la semaine dernière en France, qui ont décimé la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo et tué plusieurs otages dans une supérette casher de l'Est parisien. Organisée à l'initiative du comité Je suis CharlieMontréal, la manifestation a vu la participation de plusieurs politiciens de la province du Québec, dont le maire de Montréal ainsi que des journalistes québécois. Des membres de la communauté française à Montréal y ont pris part. Les manifestants ont marché en direction du consulat de France à Montréal. D'autres marches ont eu lieu dans la ville de Québec, à Ottawa (la capitale fédérale) et à Hallifax dans l'Est canadien. Le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a pris part à celle de Québec, la capitale provinciale. «Ce que nous disons ensemble aujourd'hui aux Français, c'est notre affection, notre solidarité», a-t-il affirmé. «Oui à la société de droit démocratique qui affirme ensemble, aujourd'hui, qu'elle gagne par rapport à ces chevaliers de l'obscurantisme qui nous ont attaqués», a-t-il ajouté, avant de saluer la décision des journaux québécois francophones de publier les caricatures controversées – les journaux anglophones se sont abstenus. Pour le Premier ministre québécois, «la pire réplique à opposer à la terreur fanatique serait en effet de sombrer dans l'autocensure». «Si on faisait ça, on donnerait raison aux terroristes. Il faut affirmer ces libertés et je voudrais rendre hommage aux quotidiens québécois qui la même journée, ont décidé de publier un exemple des dessins de Charlie Hebdo. C'est un geste important à poser et comme Québécois, je suis fier que nos journaux l'aient posé», a-t-il conclu. Le combat des journalistes algériens Des journalistes algériens qui ont fui le pays pendant la décennie noire pour se réfugier au Canada se retrouvent catapultés en plein dans l'horreur des assassinats de leurs collègues et amis et l'angoisse du tueur embusqué au coin de rue «grâce» à l'attenant contre le magazine Charlie Hebdo. A l'époque, la communauté internationale faisait dans le soutien «sélectif». Souleïmane Mellali, ancien présentateur vedette de la Télévision algérienne, actuellement rédacteur en chef de Radio Canada Internationale, et son collègue Karim Aït Oumeziane ont évoqué cette douloureuse période sur les ondes du diffuseur public canadien. «J'étais sur une liste de journalistes à tuer. Quand j'arrivais le matin, ma hantise était qu'on me dise que tel collègue est mort», se rappelle Souleïmane Mellali au micro de sa collègue. Il a fui l'Algérie en 1995. Karim Aït Oumeziane qui a reçu la visite de deux hommes armés en novembre 1993, quitte l'Algérie le lendemain, en catastrophe, sans même repasser chez lui. «J'ai imaginé ces pauvres gens, ces pauvres collègues qui ont peut-être vu ou ont eu le temps de voir les tueurs arriver, les armes à la main, et comprendre que c'était la fin», ajoute-t-il. Pour Souleïmane Mellali, «il ne faut pas abdiquer, il ne faut surtout pas que la terreur gagne». Rappelons qu'une centaine de journalistes algériens ont été assassinés pendant la décennie noire.