Le gouvernement libéral du Québec veut associer les représentants de la communauté musulmane dans sa démarche de lutte contre la radicalisation de certains jeunes Québécois qui font l'éloge du jihad islamique. Le Premier ministre, Philippe Couillard, prône carrément une alliance avec la communauté musulmane du Québec "pour mieux détecter les comportements à risque" des jeunes, dont certains sont happés par la précarité sociale. Au lendemain de la fusillade du Parlement d'Ottawa, qui a fait deux morts dont l'assaillant et trois blessés, le chef de l'Etat de la province du Québec prévoit de rencontrer les leaders musulmans pour étudier les voies et moyens pour mettre en branle la machine de la prévention, maintenant que "les terroristes sont parmi nous". Des groupes de la communauté musulmane accueillent favorablement la suggestion de M. Couillard et se disent prêts à coopérer. C'est le cas du Centre communautaire musulman de Montréal (CCMM) et du Conseil musulman de Montréal (CMM). Cependant, ils avertissent contre la stigmatisation de la communauté musulmane qui n'a rien à voir avec ce qui s'est passé à Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa, disent-ils. "Ces actes violents n'ont rien à voir avec l'islam et les concepts islamiques", a déclaré jeudi Hussein Nehme du CCMM à la presse canadienne. Tout en dénonçant la fusillade d'Ottawa, son collègue du CMM, Salem el-Menyawi, souhaite que cette coopération ne soit pas seulement un monologue gouvernemental ; c'est pourquoi il plaide pour une écoute réciproque. D'autres membres de la communauté ont certes salué le projet du Premier ministre québécois mais ils ne cachent pas leurs craintes de voir la communauté musulmane ciblée à la suite des attentats de la semaine dernière. Des jeunes Canadiens, d'emblée sans histoire, trouvent une facilité déconcertante à épouser les thèses jihadistes via les réseaux sociaux. Certains ont déjà franchi le pas de l'action terroriste. Un rapport récent du ministère canadien de la Sécurité publique a estimé à 80 le nombre de jeunes Canadiens qui seraient rentrés au pays après avoir combattu aux côtés des groupes islamistes au Moyen-Orient. Y. A.