Alors que les armes se sont faites silencieuses après plus d'un mois de combats intenses entre Israël et les résistants du Hezbollah, le Liban subit toujours le blocus imposé par l'Etat hébreux. Cet embargo économique, qui ne dit pas son nom, paralyse l'arrivée de l'aide humanitaire et le retour à la vie normale au pays du Cèdre. « Le cessez-le-feu a certes permis l'envoi de l'aide humanitaire destinée au Sud-Liban, mais comment la réceptionner et la distribuer dans un pays privé de son activité aérienne et portuaire », s'indigne un délégué humanitaire. Autres embûches. Pas seulement pour les Libanais mais aussi pour les ONG et agences humanitaires, le Sud-Liban reste une zone dangereuse où règne une paix fragile, parce qu'Israël a prévenu que l'interdiction de circuler dans le Sud restait en vigueur. Mais bravant le danger et dans un acte de « désobéissance » remarquable, l'ONU et d'autres organisations humanitaires ont choisi de passer outre les interdictions israéliennes. Et pour ajouter au drame une touche de chaos supplémentaire, les livraisons de nourriture, de carburant et de kits d'hygiène,sont désormais ralenties par des routes impraticables suite aux bombardements israéliens et à l'afflux des Libanais déplacés qui se précipitent pour rentrer chez eux. Les convois humanitaires ont été immobilisés pendant des semaines, faute d'autorisation de circulation israélienne. Maintenant ils sont bloqués dans des embouteillages monstres. Les convois humanitaires peinent à se frayer un chemin dans la foule de Libanais qui vont vers le Sud, a averti le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). « Les Libanais sont très heureux de rentrer chez eux, mais ils ne savent pas s'ils retrouveront leur maison ni s'ils mangeront ce soir », affirme un humanitaire. Le HCR et le CICR ont installé des centres logistiques pour répartir l'aide parvenant de Chypre par bateau. Une aide au compte-gouttes sous inspection israélienne. Suivant heure par heure l'application du cessez-le-feu, entre Israël et le Hezbollah depuis Genève, le président du CICR, Jakob Kellenberger, rappelle qu'il ne faut pas sous-estimer les énormes besoins humanitaires du Liban. Selon le président du Comité international de la Croix-Rouge, entre 400 000 à 500 000 personnes ont besoin d'une aide d'urgence. Le CICR a pu acheminer depuis la trêve de l'aide à Tyr ainsi qu'à l'ouest de la ville du sud du Liban. Le président du Comité international de la Croix-Rouge précise que l'évacuation des blessés, la recherche des cadavres sous les décombres, l'eau, le carburant et les médicaments représentent les besoins les plus pressants. Pour faire face à une situation humanitaire catastrophique, le CICR a lancé un appel de fonds de 65 millions d'euros. Il a également augmenté sa présence au Liban, où ses délégués sont désormais au nombre de 70. L'organisation compte aussi 100 employés locaux. La situation fragile ne facilite pas la tâche. La priorité dans les jours à venir est d'accéder le plus rapidement possible à certains villages du sud du Liban où il y a eu des combats. Le CICR, gardien des Conventions de Genève sur le droit international humanitaire, est prêt à fournir un soutien logistique neutre dans le cas où une solution se dessinerait pour les prisonniers détenus par les deux camps. L'organisation n'a toujours pas obtenu l'accès aux détenus libanais dans les prisons israéliennes, ni aux trois soldats israéliens enlevés le 12 juillet par le Hezbollah chiite libanais. « Nous allons continuer énergiquement nos démarches, car nous devons nous assurer que les prisonniers sont traités humainement », précise Jakob Kellenberger. Le président du CICR a souligné que l'organisation humanitaire est prête à servir d'intermédiaire neutre.