Depuis deux jours, le chef de daïra de Sidi Lakhdar, accompagné de se femme et des ses enfants, est assiégé par la population qui interdisent tout accès au siège de cette administration territoriale. Le mouvement quia pris une ampleur considérable, a mobilisé la population du chef lieu ainsi que celles des communes et douars environnants. Mis à part la sureté de daïra, le centre de santé, la mosquée et les pharmacies, aucune administration, aucun commerce, pas le moindre café ou restaurant ne sont ouverts.
Partout, y compris les agences bancaires, la poste et la station service Naftal, les rideaux sont restés fermés. Sur les devantures, une affichette est collée annonçant que la grève. Seuls les quelques marchands ambulants et les kiosques à journaux assurent une présence. Face au siège de la daïra, des manifestants, jeunes et moins jeunes, sont mobilisés pour empêcher toute entrée au sorties de la daïra.
Lui faisant face, le siège de la sureté de daïra n'affiche aucune fébrilité particulière. Même les troupes anti émeutes venues en force, restent très discrètes. Les animateurs de ce mouvement de protestation sans précédent dans la région, affichent à la fois une grande détermination et une sérénité qui fait dire à d'anciens militants que les « jeunes nous ont administrés une leçon d'organisation et de discipline. En effet, nulle trace du moindre dépassement. Par contre, les slogans qui sont lancés à l'intention du chef de daïra et de ses supérieurs hiérarchiques ne laissent aucune place au doute. Ceux qui s'expriment devant la presse ont deux principales revendications : la venue du wali pour ouvrir le dialogue et le départ sans discussion du chef de daïra qu'ils accusent de tous les maux.
A la veille du 3ème jour, la mairie qui était restée ouverte jusque-là a été fermée et ses portes, comme celles de la daïra, ont été cadenassées par la population. Une femme et sa fille, exhibent des certificats d'incapacité de travail et accusent le chef de daïra de leurs avoir manqué de respect. Un quinquagénaire venu du douar Ouled Baroudi martèle devant la foule que le départ du chef de daïra ne doit pas se faire avant son jugement ; à quoi un autre répliquera qu'il en sera de même pour le maire.
Mis à part un engin qui s'affaire à démolir les trottoirs, entrainant de gros dégâts sur les ficus dont les racines sont arrachées sans ménagement, la ville de plus de 25.000 habitants est plongée dans une insoutenable léthargie. A l'adresse du wali, un des organisateurs brandit la menace du blocage de la RN11, ce qui obligerait les usagers de cet axe routier côtier à emprunter les chemins tortueux et étroits de l'intérieur pour rejoindre Oran et Mostaganem.