Le crash d'un avion-cargo d'Air Algérie dans le nord de l'Italie qui a entraîné la mort des trois membres de l'équipage a relancé le débat sur la maintenance des avions et les conditions professionnelles des pilotes de ligne. En effet, le Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA) a, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d'alarme. Les responsables de cette organisation demandent l'intervention du président de la République pour situer clairement les responsabilités. Cet incident n'est pas le fruit du hasard. Il n'est pas fortuit. Il y a toute une chaîne pour arriver à faire écraser un Hercule avec 4 réacteurs. Il y a aujourd'hui une défaillance dans la gestion de l'entreprise que ce soit au niveau matériel ou facteur humain », a dénoncé l'un d'eux dans un quotidien national. Il y a un peu plus d'une année, les pilotes de ligne ont appelé au renforcement de la sécurité aérienne. Le crash du Boeing 737-200, après son décollage de Tamanrasset en mars 2003, n'est pas le premier. Un avion-cargo (un Boeing 737-200) s'est abîmé à Coventry en Angleterre en décembre 1994 faisant 5 morts et le rapport final du bureau enquêtes et accidents a relaté un certain laxisme. Trois facteurs sont déterminants dans les accidents d'avions : le facteur humain (fatigue, erreur de pilotage ou incompréhension dans le dialogue entre les pilotes et les aiguilleurs du ciel), le facteur technique ( défaillance des systèmes moteurs, non application stricte des règles de sécurité) et le facteur météorologique. Il faut savoir qu'il y a deux types de maintenance, l'une dite préventive, décidée par les constructeurs qui obligent les compagnies aériennes à faire réviser périodiquement les avions, suivie de la délivrance du certificat de navigabilité. Le deuxième type de maintenance intervient lorsque qu'il y a une panne qui survient, il faut dans ce cas la traiter et remettre en marche l'avion. Il est important de noter qu'en matière de sécurité, le monde de l'aviation civile internationale est régi par des règles strictes édictées par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) qui englobe 189 Etats contractants. Ces règles précisent notamment que chaque Etat contractant est responsable de la sécurité et du contrôle des compagnies aériennes, qu'elles soient publiques ou privées, immatriculées sur son territoire. Durant l'année 2004, 1,8 milliard de passagers ont pris l'avion, selon les chiffres de l'Association internationale des transports aériens (IATA) qui prévoit une augmentation de 6% par an. Entre 1960 et 1980, la sécurité aérienne s'est améliorée, divisant ainsi le nombre de crashs par trente, chiffre qui est resté stable à ce jour avec 1,5 accident par million de décollages ou d'atterrissages. Comme dans la majorité des accidents d'avions, les enquêteurs du crash de l'avion cargo d'Air Algérie vont examiner les boîtes noires : le FDR (Flight data recorder) qui contient la trajectoire de vol, la vitesse, l'assiette de puissance moteur et la configuration et le CVR (cockpit voice recorder) qui contient l'enregistrement des 30 dernières minutes dans le cockpit. Si à chaque accident, une enquête est lancée, il faut reconnaître que les conclusions sont rarement ou très peu rendues publiques. Ce qui suscite la méfiance au lieu de la confiance. Il est fort à parier que ce sera encore le cas cette fois-ci même s'il ne faut pas s'attendre à ce que la commission dépêchée en Italie rende ses conclusions rapidement ou fasse des révélations fracassantes. Des questions restent en suspens : l'avion-cargo de type Lockheed L-382, qui n'était visiblement pas récent, a-t-il été contrôlé techniquement après chaque rotation ? Etait-il apte à voler ? L'équipage ne souffrait-il pas d'un cumul de fatigue après des heures de vol ? Des interrogations pertinentes qui risquent d'être des indicateurs fiables à même de donner un éclairage sur la situation du déroulement de ce drame. Ces éléments de doute ont ainsi suffi à convaincre les travailleurs d'Air Algérie de s'arrêter hier de travailler pour mettre leur direction devant ses responsabilités. Leur protestation a d'ailleurs paralysé certains aéroports du pays.