Dans une déclaration faite à El Watan, au lendemain du rapatriement des dépouilles des trois membres d'équipage de l'avion-cargo de la compagnie Air Algérie, décédés lors d'un crash survenu le 13 août 2006 aux environs de Milan, en Italie, M. Hammoud, secrétaire général du Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA) et commandant de bord à Air Algérie, a dénoncé l'attitude de la compagnie envers ces trois défunts employés de la société qui avait prévu que leurs corps soient déposés au niveau de la base maintenance. Chose que le SPLA a réfuté, allant jusqu'à solliciter l'intervention de hauts fonctionnaires de l'Etat, a-t-on appris, pour que les dépouilles soient déposées au niveau du salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediene. Indigné, le secrétaire général du SPLA assimile le comportement d'Air Algérie à « une forme de vengeance ». « C'est à croire que l'entourage du PDG fait tout pour l'enfoncer, car il y a quand même une différence entre les propos qu'il tient et ses actes », s'interroge-t-il. A ce titre, le SPLA aspire à « un changement positif à la tête de l'entreprise. Nous voulons que la compagnie soit performante. Nous tenons à notre vie et à celle de nos passagers ». Un changement ardemment souhaité depuis des mois car la compagnie est, selon lui, « malade depuis son PDG jusqu'au personnel ». Notre interlocuteur revient, à cet effet, sur la fatigue et le surmenage qui accablent les employés de la compagnie, lesquels subissent les conséquences d'une surcharge de travail, alors que sur le plan administratif, il existe un sureffectif. « La tension est continue et le personnel est sollicité sans cesse. Plusieurs bagagistes sont morts pendant l'exercice de leur travail par arrêt cardiaque. Les hôtesses de l'air aussi sont fatiguées. Il y a quelques jours à peine, l'une d'elles est tombée du haut de l'escalator et s'est fracturée le fémur », affirme M. Hammoud, ajoutant, par ailleurs, que « sept commandants de bord pilotant les Airbus A330 sont en arrêt de travail délivrés par des médecins de Aïn Naâdja à cause justement de leur état de fatigue alors que le problème du cumul des congés annuels reste posé ». Selon lui, en dépit du harassement du personnel, ce dernier est contraint de faire son travail sans rechigner d'autant que « la compagnie use d'une sorte de chantage envers les employés par le biais de sanctions notamment ». Cela étant, le secrétaire général du SPLA revient, en outre, sur le problème de la sécurité aérienne et celui de la formation des pilotes, évoquant à ce propos la remise en circulation du 737-200, un avion de transport de marchandises d'ancienne génération suppléant aux deux avions-cargos existant, dont l'un s'est écrasé le 13 août dernier en Italie, alors que l'autre a été, nous dit-on, endommagé en avril dernier lors d'un vol d'entraînement. Selon M. Hammoud, « le risque avec la remise en circulation de cet avion d'ancienne génération, en état de voler évidemment, c'est d'être piloté par des pilotes ayant plutôt davantage l'habitude de travailler sur les avions de nouvelle génération ».Interrogé à propos des perturbations et des retards signalés ces dernières semaines au niveau des aéroports concernant les vols de la compagnie Air Algérie, le secrétaire général du SPLA a soutenu qu'« ils ne sont pas l'œuvre des pilotes. C'est l'affaire d'Air Algérie. Les pilotes n'ont rien à voir avec cela. Nous sommes pour la sauvegarde de la compagnie », précisant à ce titre qu'une assemblée générale extraordinaire est prévue le 15 septembre à Alger afin de « débattre de la situation catastrophique qui prévaut actuellement et inciter les gens à continuer à assurer leur travail jusqu'à ce que les choses s'améliorent, d'autant que le ministère de tutelle a promis de prendre en charge nos problèmes. Il y a de l'espoir... ».