Tout un chacun aura remarqué l'état de déliquescence et de confinement dans lequel est maintenue la salle de spectacles An-Nasr, connue autrefois sous le nom de Ciné Le Phare. Cette salle, érigée durant les années 40 du siècle dernier, a servi à la projection des films pendant un demi-siècle pour tomber dans l'oubli. Pendant les premières années du recouvrement de l'indépendance, elle a fait office de cinémathèque projetant des films à thème. Les débats en ce temps étaient confiés au modérateur Lazhar Amara, un mordu du 7ème Art.C'est ce même Amara qui continua à faire fonctionner la salle pendant des années grâce à un appareil de projection personnel au profit de la frange des jeunes. Attentionné et en bon éducateur qu'il est, Lazhar ne proposait que des films à succès. Toutefois, comme la salle nécessitait des travaux de restauration, la municipalité s'en est déchargée au profit du ministère de la culture. Et c'est de bonne guerre, puisque la cession de ce bien communal, voilà bientôt cinq années, allait bénéficier d'une enveloppe conséquente pour une rénovation de bon aloi. Tant mieux diront les uns, à la bonne heure, diront les autres! Le projet est confié à un bureau d'études pour entreprendre un relookage de l'édifice qui a subi les aléas et la patine du temps. De son côté la municipalité a entrepris de démonter portes, fenêtres, climatiseurs, des biens qui lui appartiennent et qu'elle destine à d'autres édifices publics à sa charge. Pour autant, les responsables de la culture ne se sont plus pointés sur les lieux, eux qui avaient en charge la restauration de la salle. Selon nos informations, ladite salle, une fois réhabilitée, servira à toutes sortes de manifestations culturelles, scientifiques et artistiques. Des questions taraudent l'esprit des intellectuels de la ville d'Aïn Beida. Certains et ils nous l'ont confié, désespèrent de voir leur cité recouvrer sa place d'antan, celle d'être une ville bouillonnante de vie culturelle et artistique. Reviendra-t-il ce temps où l'on voyait dans les espaces publics, les squares et partout, des jeunes s'adonner à la lecture des grands livres ou à commenter le dernier film qu'ils ont suivi dans la salle An Nasr?