Les mouvements de protestation anti-gaz de schiste qui secouent depuis le 31 décembre dernier plusieurs villes du Sud du pays n'ont pas laissé indifférents nos expatriés du Royaume-Uni, estimés à environ 30 000 Algériens officiellement inscrits au consulat d'Algérie de Londres. C'est ainsi que nombre d'étudiants, membres de Algeria Solidarity Campaign (ASC), une organisation à caractère politique basée à Londres, ont tenu à faire part de leur entière solidarité avec leurs compatriotes qui se sont insurgés contre l'exploitation du gaz de schiste à In Salah. Les membres de cette association, créée par un groupe d'étudiants et de professionnels algériens en février 2011, rappellent au passage que l'ASC, qui est très attentive à l'actualité politique et économique du pays, a déjà exprimé son opposition à l'exploitation de cette nouvelle énergie lorsqu'une grande manifestation avait été organisée en avril 2013 en marge de la visite du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, à Londres. Elle sera suivie, moins d'une année après, d'une autre manifestation (février 2014) lors de laquelle l'ASC avait dénoncé «l'accaparement du gaz» par le Royaume-Uni. Les ressources en gaz de schiste dont regorge notre pays ne cessent, soulignent les étudiants de l'ASC, sont depuis ces quelques dernières années au centre des convoitises britanniques. En effet, selon une étude sponsorisée par la US Energy and information administration, depuis avril 2011 l'Algérie a 231 billions de pieds cubes (6440 milliards de mètres cubes), techniquement récupérables. Une révision à la hausse de ces ressources a été effectuée récemment par le département américain de l'énergie, suggérant un chiffre plus élevé qui se monte à 707 billions de pieds cubes (19 800 milliards de m3). Ce qui place notre pays au troisième rang mondial parmi les plus grands détenteurs de gisements de gaz de schiste récupérable, après la Chine et l'Argentine. En 2011, l'italien ENI et la compagnie nationale Sonatrach avaient signé un accord de coopération pour extraire les ressources non conventionnelles, en particulier celle du gaz de schiste. Shell et ExxonMobil ne sont pas en reste. Elles aussi se sont entretenu avec Sonatrach pour l'exploitation des ressources de schiste, les pourparlers étant en cours. Cependant, des travaux d'exploration sur les réserves non conventionnelles de l'Algérie sont encore préliminaires et présentent des défis techniques, notamment un manque en eau douce nécessaire pour les techniques de récupération assistée et de fracturation hydraulique. Des groupes à l'intérieur de l'Algérie, contestent les propositions de la fracturation hydraulique. Un massacre environnemental en perspective qui n'a pas laissé indifférents le Collectif euro-maghrébin anti-gaz de shiste (CEMAGAS) et le Collectif national pour les libertés citoyennes (CNLC), des observateurs et des militants anti-fracturation qui «ont fait des recherches et ont publiquement contesté les plans des corporations», relèvent Platform et ASC dans leur rapport. Et pour cause, «la nappe phréatique contient environ 60 000 milliards de mètres cubes d'eau douce à faible teneur en sel. L'utilisation de plus de 500 produits chimiques dans le processus de la fracturation hydraulique menace gravement les nappes phréatiques, car les puits de forage traverseront ces couches d'eau».