Des heurts violents ont opposé les éléments des services de sécurité aux manifestants qui réclament le départ du chef de daïra. Au quatrième jour du soulèvement de la population de Sidi Lakhdar, la manifestation, qui se voulait pacifique, a dégénéré en affrontements entre les contestataires et les forces de l'ordre. Selon des témoignages concordants, bien avant le lever du jour, des éléments de la brigade antiémeute seraient intervenus pour déloger les habitants qui campaient devant la daïra. Très vite, un bras de fer s'est engagé. En milieu de matinée, les forces de l'ordre ont chargé les manifestants dont le nombre grandissait à vue d'œil. Aux tirs de grenades lacrymogènes répondaient les coups de carabine 12 mm. Des balles à blanc qui entraînent une certaine confusion parmi les manifestants, dont certains craignent un usage de balles réelles. Les douilles retrouvées sur place infirment cette version. Peu avant midi, alors que les heurts atteignent leur apogée, une dizaine de blessés sont dénombrés, dont trois gravement atteints. Alors que des milliers de manifestants de tous les âges continuaient d'affluer vers le lieu des affrontements, les forces de l'ordre interpellent 25 citoyens. Le siège de la daïra qui fait face au commissariat de police est très vite investi par les manifestants qui brûlent deux véhicules de service et saccagent les locaux administratifs. Un autre groupe s'attaque au logement du chef de daïra, qui a réussi à évacuer sa famille par miracle ; cette dernière était restée enfermée les trois premiers jours de l'émeute. Partout, des amoncellements de documents administratifs, de mobilier, de matelas et autres coussins et couvertures. Les manifestants évoquent une provocation de la part des forces de l'ordre ; ils maintiennent leur revendication principale, qui est le départ du chef de daïra, et demandent la constitution d'une commission d'enquête ministérielle. Sur le chemin du retour, nous croisons pas moins de 12 véhicules des forces antiémeute venus de Sidi Bel Abbès afin de prêter main-forte à celles déjà sur place. La nuit risque d'être très agitée dans cette coquette cité balnéaire, dont les rues sont jonchées de pavés et de pierres ramenées par tracteurs depuis la campagne.