Les Algériens ne décolèrent pas sur la question de l'exploitation du gaz de schiste. Les manifestations se poursuivent et In Salah devient le cœur battant de la mobilisation contre ce gaz non conventionnel dont l'exploitation risque de priver les générations futures de précieuses ressources en eau. In Salah met le pouvoir d'Alger devant ses responsabilités et l'accule là où il se croyait seul maître à décider de l'avenir de ce pays. Il s'en trouve d'ailleurs désorienté, ne sait plus quoi répondre. Après la tentative de Saadani de surfer sur la fibre régionaliste pour calmer les algériens du Sud alors que le FLN a bien voté la loi autorisant le recours au gaz de schiste, ou encore l'invitation de la Présidence au dialogue sans même envoyer un émissaire sur les lieux pour discuter avec la population, ou bien les assurances non convaincantes du ministre de l'Energie et le PDG de Sonatrach sur l'impact minime de la technique de fracturation hydraulique sur l'environnement, c'est au tour du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de trouver une sortie moins directe en choisissant de poster un message, hier, sur sa page facebook disant que «le gouvernement n'a jamais délivré aucune autorisation d'exploitation du gaz de schiste en Algérie». Une affirmation en totale contradiction avec l'annonce faite par le Conseil des ministres de mai 2014 autorisant l'exploitation des gaz non conventionnels. La compagnie française Total est opérationnelle depuis fin 2013 en Algérie, dans le bassin de Timimoun, en association avec Sonatrach et la société espagnole Cepsa, ainsi qu'à Ahnet (In Salah) avec Schlumberger, Sonatrach et la turque Partex. Dans son message sur facebook, Sellal affirme que l'exploitation du gaz de schiste n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement et justifie que le programme de recherche des ressources en gaz non conventionnels repose juste sur un projet-pilote de prospection à Ahnet. Ce projet consisterait en la réalisation de deux forages pour étudier les réserves de gaz dans cette zone. Et d'ajouter qu'à partir de 2020, une évaluation sera faite de ces explorations pendant une durée de deux ans en prenant en compte l'estimation des réserves et l'impact sur l'environnement. Sellal dit en somme que l'option d'exploitation du gaz de schiste n'est pas retenue, mais que des explorations sont tout de même faites. Une ambiguïté qui cache mal un malaise en haut lieu du fait des manifestations quasi quotidiennes à In Salah, qui se sont étendues à d'autres villes du sud du pays. Des populations du Sud qui n'occupent pas la rue pour demander des faveurs mais pensent aux générations futures. Une chose que le pouvoir rentier ne semble pas bien comprendre, lui dont le souci majeur est le maintien de la rente pour assouvir ses plans du moment.