Le président Bouteflika va-t-il créer la surprise et décider le gel du dossier du gaz de schiste après 18 jours de fronde au Sud ? Confiants mais déterminés, les protestataires exigent l'arrêt total des forages et un débat national comme préalables. Une délégation de conseillers du Président arrivera aujourd'hui à In Salah par vol spécial, a-t-on appris auprès de la coordination du mouvement de protestation d'In Salah. Les pourparlers de samedi ont porté sur l'arrêt des forages et l'ajout de revendications sociales. «Nous avons catégoriquement refusé de brader notre combat par des acquis sociaux», affirme Mohamed Djouan, président de l'association Shams et membre du comité de coordination de la protestation. Et d'ajouter : «On s'attelle à exiger, depuis 19 jours, la remise à zéro des compteurs par l'arrêt des puits expérimentaux, le nettoyage du site et le lancement d'un débat national sur les énergies non conventionnelles.» Ceci a été expliqué à tous les messagers, indique le délégué, qui pense que «les pourparlers déboucheront probablement sur un gel des forages et la réouverture du dossier sous une autre forme, sans lancer de forage dans d'autres sites au niveau national jusqu'à ce que le peuple donne son mot». Les manifestations se sont multipliées ce week-end à In Salah, où le sit-in a été maintenu après un jeudi grandiose, où les estimations officielles ont donné 34 000 manifestants. Sahara blindé Vendredi, une nouvelle «lotfia» puis une «taoussila» après la prière du maghreb ont boosté les troupes. Iguestene, Hassi Lahdjar, Foggaret Ezzoua se relaient pour nourrir les manifestants en signe de solidarité indéfectible. In Ghar a marché jeudi soir à In Salah. In Guezzam a eu sa manif vendredi, tandis que Bordj Badji Mokhtar, dans l'extrême Sud, s'est ébranlée hier. In Salah a programmé une grande manifestation, demain, pour balayer les appréhensions des wilayas du Sud et dire que le mouvement ne s'essouffle pas. Quelle que soit la réponse de la Présidence, l'élan populaire est maintenu, jalousement préservé. Ni les accusations de Youcef Yousfi, ni les apaisements de Abdelmalek Sellal n'entament le front anti-gaz de schiste indigné par une classe politique fébrile, voire absente du champ visuel des manifestants qui occupent la rue depuis plus de deux semaines. Les protestataires réfléchissent à présent aux moyens de maintenir cette flamme qui a uni toute la région contre la menace écologique. Une détermination nourrie par une position pour le moins déconcertante des plus hautes autorités du pays. La campagne de sensibilisation menée par la chaîne de télévision Ennahar, dans le but de convaincre le front de l'opposition à l'exploitation du gaz de schiste dans le Sud à renoncer à ses actions de protestation, en a fait réagir plus d'un.