Les universités risquent d'être une nouvelle fois paralysées à la rentrée. Réunie avant-hier à Béjaïa, la coordination nationale des sections du CNES, représentant 19 établissements de l'Est, du Centre et de l'Ouest, a menacé de reprendre la grève à la rentrée universitaire. Constatant « la fuite en avant » des pouvoirs publics, elle a appelé les enseignants du supérieur à se mobiliser autour de leurs revendications « légitimes » pour contraindre la tutelle à leur apporter des réponses appropriées. Les enseignants du CNES mettent en garde contre « les risques énormes » qui pourraient accompagner la rentrée de septembre 2006-2007, évoquant entre autres raisons 140 000 étudiants bloqués, 220 000 nouveaux bacheliers en attente d'intégration et la non-validation de l'année pédagogique 2005-2006 en perspective. Ayant suspendu leur première grève il y a trois semaines, les syndicalistes du CNES constatent la « non-concrétisation » des engagements des pouvoirs publics excepté, selon eux, la levée du contrôle judiciaire décidé à l'encontre du coordinateur de l'Ouest, Mechab Mustapha. Toutefois, regrettent les animateurs du CNES, le contrôle judiciaire concerne toujours le coordinateur du Centre, Cherbal Farid, ainsi que pour le délégué de la section de Béjaïa, Akrour Mohand Sadek. Pis, selon le CNES, en dépit de la suspension de la grève, le recteur de l'université de Béjaïa continue à s'acharner contre les enseignants grévistes. « Sept enseignants sont convoqués au commissariat suite à une plainte dudit recteur », déplore la coordination du CNES. Cette dernière regrette également la menace de licenciement brandie par le nouveau directeur de l'ENS de Bouzaréah contre les enseignants en grève et le non-payement du congé annuel des « grévistes » par le recteur de l'université de Tiaret et la directrice de l'INI. « Toutes les sanctions administratives prises à l'encontre des enseignants en grève sont toujours en vigueur – non-payement des salaires de juin et juillet, annulation de stage et des bourses d'étude – », selon le CNES. La coordination nationale du CNES qualifie, par ailleurs, les réponses apportées à sa plateforme de revendications de « nettement en deçà des attentes des enseignants ». Elle estime que « l'augmentation de salaire accordée en juin et celle de la prime de rendement sont insignifiantes » et « le décret sur les logements reste profondément ambigu ». Cela en regrettant le fait que l'augmentation spécifique promise pour juillet « n'est toujours pas là ». Partant de ce constat, la coordination des enseignants du CNES « grévistes » estime difficile d'entrevoir une issue au conflit social et à la crise actuelle de l'université algérienne. En tout état de cause, les enseignants du CNES se disent déterminés à faire aboutir leurs revendications, cela en exprimant leur disponibilité à l'ouverture de véritables négociations avec la tutelle. Autrement, la prochaine rencontre de la coordination du CNES, prévue pour les 28 et 29 août, risque de déboucher sur des résolutions plus musclées.