Auteur de «Aménagement du territoire, désurbanisation et violences urbaines en Algérie», in Management et Sciences Sociales, édition l'Harmattan, Paris, 2008, Allaoua Bendif reste l'une des figures universitaires des plus actives à Skikda. Il estime pour sa part qu'on ne peut «parler de violence verbale exclusivement», et d'expliquer : «Est-il envisageable qu'au sein d'un espace social donné, la plupart des aspects de la vie de tous les jours soient paisibles et que la communication verbale fasse exception ? Il me semble donc plus rationnel d'envisager cette dernière comme l'une des multiples formes de la violence qui s'installe de manière de plus en plus visible dans les rapports sociaux dans notre pays». Abordant par la suite «l'explication rationnelle» à la question des violences, dont celle verbale, M. Bendif dira «c'est un déficit de plus en plus dommageable dans les capacités éducatives de notre société et de ses démembrements éducatifs les plus importants: la famille diversement diminuée sur le plan spatial (crise du logement /espace d'éducation et de socialisation…) matériel et pécuniaire, culturel etc…, l'école en crise chronique de croissance, de modernisation et livrée depuis longtemps à la pression idéologique, la ville qui n'est pas une simple agglomération de citoyens mais une entité spatiale sociétale dont l'organisation et les différents équilibres impactent, de manière significative, en qualité et en quantité, l'éducation et la socialisation des comportements individuels et collectifs». En plus de ces dysfonctionnements sociaux, M. Bendif juge que beaucoup de déficits minent la société et cite : «Nos villes, démographiquement surchargées, sont déficitaires en habitat social, en voirie, en équipements publics, en espaces ludiques pour les enfants, en infrastructures socioéducatives, sportives et culturelles de masse pour les jeunes, en espaces verts etc..». Tout ceci ne permet pas, selon notre interlocuteur, d'éduquer et n'offre «que peu de possibilités de canaliser les énergies agressives», avant d'aller plus loin et d'estimer que «le problème c'est que ce déficit d'éducation ne fait pas que ne pas éduquer: il «déséduque» désormais activement et participe à l'apparition de comportements et de pratiques inciviques, voire antisociales, lesquelles, banalisées et chronicisées, ont progressivement donné naissance à une véritable sous-culture violente, dont la violence verbale est l'une des composantes visibles. C'est en ce sens que je pense que la violence verbale est insécable de ces incivismes éventuellement violents et agressifs, que non seulement notre société actuelle n'arrive plus, en amont, à en éduquer suffisamment les éléments constitutifs pulsionnels (l'agressivité naturelle), ni à les contenir et à les rééduquer en aval, en raison de ses divers déficits socioéducatifs de plus en plus marqués et de plus en plus pesants dans l'éducation et la formation de l'homme et du citoyen algérien», conclut-il.