Les deux constructeurs ont franchi la barre des 10 millions de véhicules vendus en un an, pour la première fois de l'histoire, avec un avantage au nippon, selon ses chiffres publiés hier, une semaine après ceux de ses rivaux. Le fabricant de la citadine Yaris et de la voiture hybride Prius a dépassé son objectif annuel en écoulant 10,23 millions d'automobiles (+3%), grâce à l'ensemble de ses marques (Toyota, luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino), contre 10,14 millions (+4,2%) pour Volkswagen. En 2015, Toyota table sur 10,15 millions (-1%), un total que le mastodonte allemand a de fortes chances de dépasser. Même si VW n'a pas livré de projections, il affiche de grandes ambitions, notamment en Chine, où il prévoit d'ouvrir de nouveaux sites de production et pourrait ainsi bousculer le palmarès. Le géant japonais, basé dans la région de Nagoya, qui s'appuie sur 330 000 employés et une cinquantaine d'usines dans le monde, avait conquis en 2008, au début de la crise financière internationale, la première place mondiale, monopolisée par l'américain General Motors (GM) durant plus de 70 ans. Toyota est depuis resté maître du secteur, à l'exception d'un intermède d'un an à cause du séisme et du tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon. GM en avait alors profité pour s'imposer de nouveau. Ensuite, la firme de Détroit a été rétrogradée et ne parade plus qu'au troisième rang, avec 9,92 millions de véhicules vendus en 2014. Loin de fanfaronner, Toyota dit préférer «éviter toute comparaison avec les résultats des autres compagnies». «Nous allons continuer à nous concentrer sur la production des voitures, une par une», a simplement commenté un porte-parole. «Leur but n'est pas d'être n°1», estime Peggy Furusaka, analyste chez Moody's Investors Service, cité par Bloomberg News. «Toyota est plus soucieux de maintenir sa rentabilité que de se lancer dans une course aux chiffres.» A la différence de l'allemand, le groupe, dirigé par Akio Toyoda, petit-fils du fondateur, a décidé de ne pas construire de nouvelles usines jusqu'en mars 2016, dans le but de «renforcer sa compétitivité». «Si la demande dépasse notre capacité de production utilisée à son maximum, alors nous envisagerons de l'augmenter après un examen attentif des tendances du marché», a-t-il ajouté. L'hypothèse est cependant peu probable, du moins en 2015, sur fond de conjoncture défavorable au Japon -où ses ventes sont attendues en recul de 9%- et dans le reste de l'Asie, que ce soit dans les pays émergents (Indonésie, Thaïlande) ou en Chine, où la croissance économique s'essouffle. Toyota est en revanche très bien placé aux Etats-Unis, malgré une série de rappels pour cause d'airbags défectueux de l'équipementier japonais Takata. Côté finance, sa stratégie semble gagnante. Il enchaîne les performances inédites, bien aidé, il est vrai, par l'affaiblissement du yen provoqué par la stratégie «abenomics» lancée fin 2012 par le Premier ministre, Shinzo Abe.