Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, demande au président Bouteflika de sortir de sa réserve pour parler aux Algériens. Il juge que la situation dans laquelle se trouve le pays est très grave. «Nous vivons une conjoncture très difficile, des manifestations à travers tout le territoire national, la ville de Ghardaïa est assise sur une poudrière, le Sud est au bord de l'explosion, si Bouteflika ne s'exprime pas dans des moments pareils alors à quoi bon être chef de l'Etat ? Pourquoi un quatrième mandat ?», s'est-il interrogé, hier, lors d'une conférence de presse consacrée essentiellement à la problématique du gaz de schiste. Le leader de Jil Jadid, qui revient d'In Salah où il s'est rendu la semaine dernière pour comprendre ce qui s'y passe et s'entretenir avec les principaux acteurs de ce mouvement citoyen contre le gaz de schiste, ne trouve pas de mots pour décrire la situation précaire qui caractérise aujourd'hui cette ville. «In Salah est une ville fantôme, j'avais l'impression d'être au fin fond de l'Afrique. Soixante ans après l'indépendance, cette région manque de tout, même de structures les plus élémentaires et ses habitants sont les oubliés du pouvoir central», déplore le conférencier, qui veut prendre à témoin l'opinion nationale sur le vécu et les inquiétudes de la population de cette ville du Sud. Soufiane Djilali rapporte que la population d'In Salah a la hantise des essais nucléaires qui ont continué jusqu'à 1966. Ils ont en mémoire aussi le phénomène de la radioactivité qui a engendré des cancers, des malformations et des maladies de la peau. Les citoyens refusent d'être des cobayes. «J'ai rencontré des experts de Sonatrach qui ont refusé de s'exprimer sur le sujet ; seuls les ingénieurs et les techniciens retraités de Sonatrach ont tous reconnu que l'expérimentation et l'exploration du gaz de schiste est un acte dangereux parce que personne ne maîtrise le problème. Rien ne légitime l'excitation du pouvoir pour ce gaz de schiste», explique M. Djilali, qui adhère aux revendications de la population relatives à l'arrêt immédiat des opérations d'exploitation de ce gaz «de la mort». L'orateur est persuadé que Bouteflika veut vendre les richesses du Sud en achetant le silence de ceux qui l'ont soutenu pour un quatrième mandat, et ce, au détriment des populations. Sinon, dit-il, comment interpréter le timing choisi pour l'exploration du gaz de schiste ? Pourquoi cette précipitation ? Et pourquoi le président Bouteflika a-t-il dépêché un policier, en la personne de Abdelghani Hamel, pour s'entretenir avec la population ? Où sont nos ministres ? Où sont les partis du pouvoir ? Où sont les députés et les sénateurs ? En guise de réponse, Soufiane Djilali estime qu'il s'agit là de l'effondrement, pur et simple du pouvoir politique et de ses représentants. «En envoyant le premier responsable de la DGSN à In Salah, Bouteflika vient de désavouer son Premier ministre. Nous avons un pouvoir prédateur et dangereux», s'insurge le conférencier. Par ailleurs, Soufiane Djilali invite le pouvoir à arrêter toute les opérations d'exploration du gaz de schiste et à ouvrir un débat national sur la politique énergétique et la réactivation du Conseil national de l'énergie, gelé depuis 1999, lorsque Chakib Khelil faisait sa loi et détournait des contrats dans l'impunité la plus totale…