Le pays est à l'abandon. Aucune institution ne fonctionne normalement et le conflit qui secoue la vallée du M'zab depuis plusieurs mois est un exemple édifiant de l'absence de l'Etat». Ce constat négatif a été livré, hier, par Soufiane Djilali, président de Jil Jadid. Lors d'une conférence de presse, animée au siège de son parti, M. Djilali n'a pas été tendre ni avec le président de la République ni avec son gouvernement. Pour lui, depuis qu'on a imposé un quatrième mandat, le pouvoir vend des promesses aux Algériens et fait dans «la poudre aux yeux». Les exemples sur le terrain ne manquent pas. Abordant la situation qui prévaut dans la région de Ghardaïa, Soufiane Djilali rappelle que le problème auquel est confrontée la population de cette ville n'est pas seulement ethnique, il est aussi sociologique, économique et politique. «C'est un tout. Et dans l'urgence, il aurait fallu que l'autorité de l'Etat soit entièrement présente et vu la gravité de la situation, la responsabilité incombe au président de la République. Il aurait fallu qu'il se déplace à Ghardaïa pour discuter avec la population», lance le conférencier, avant de s'interroger sur la véritable mission du président de la République : «A quoi sert un Président s'il est constamment absent de la vie publique ?» «C'est à Bouteflika d'occuper le terrain, d'être présent, de parler avec les gens, de résoudre leurs problèmes, sinon pourquoi on a un président de la République, pourquoi est-il payé ? Si c'est pour rester chez lui, on n'en a pas besoin !», renchérit le conférencier. Soufiane Djilali relance le débat autour de l'article 88 bis de la Constitution et revendique son application : «Bouteflika doit partir à la retraite, d'autant plus qu'il incarne actuellement la médiocrité de la gouvernance et le non-système. Ce système, à sa tête Bouteflika, doit partir pour ouvrir la voie à une transition démocratique, qui devrait s'installer dans un cadre paisible, et ce, pour mettre fin au bricolage.» L'orateur pense que seul un pouvoir légitime peut régler le problème qui ronge la vallée du M'zab. Interrogé sur l'affaire du crash de l'avion d'Air Algérie, le patron de Jil Jadid déplore le comportement des autorités et avoue que l'Algérie a cédé sa souveraineté : «Les médias ont montré une image d'un ministre ridicule. Amar Ghoul tenant, comme si c'était un trophée, les boîtes noires dans un sachet, il était tout heureux. Il a oublié qu'il s'agissait d'un drame et que les Algériens n'avaient pas besoin d'une telle photo, mais de l'exercice de la souveraineté algérienne. Il y a un énorme problème de gouvernance dans notre pays.» Et Soufiane Djilali de rappeler qu'après le crash, le président français a animé six conférences de presse en 48 heures, alors que du côté d'El Mouradia, c'était le silence radio. S'agissant de l'agression israélienne contre Ghaza, le conférencier a tiré à boulets rouges sur le pouvoir algérien, qui est resté à la traîne : «Nous avons vu la nonchalance et l'absence de la diplomatie algérienne. La réaction a été le suivisme, puisqu'on s'est attelés à l'initiative égyptienne. L'Algérie est absente. Elle ne règle pas ses problèmes internes et ne réagit malheureusement plus sur le plan international.» Par ailleurs, le président de Jil Jadid annonce, dans le cadre des activités de la Coordination nationale pour les libertés et la transition (CNLTD), la création d'un conseil consultatif de l'opposition afin de structurer les consultations des différents partis et personnalités de la société civile : «La Coordination veut élargir le débat politique à toute l'opposition à travers cette structure, qui pourrait préparer une deuxième conférence.»