Pour Kader Japonais, Khalas, Imzad, Yasmine Ammari… la course aux récompenses est ouverte ! Dans la 2e édition des Algerian music awards, plus de trente artistes et groupes algériens, nommés dans cinq catégories, ont été sélectionnés. Verdict le 13 février prochain. «La musique algérienne est variée dans ses genres et ses couleurs. Malheureusement, les artistes et les petits groupes sélectionnés pour ce concours ne la représentent pas», se désole Mehdi Bennacer, producteur (Padidou). Selon lui, «plusieurs genres musicaux très importants, dont le tergui, le chaâbi ou l'andalou, ont été oubliés. Il existe des groupes et de véritables artistes qui ont un public large, qui sont absents de la compétition.» L'éditeur critique même le concept des Algerian music awards : «Ils devraient l'appeler Jil Fm music awards ou Radio music awards !» Car cette cérémonie récompensant les stars de la scène musicale algérienne est initiée par la radio Jil FM en partenariat entre la Radio et la Télévision algériennes et l'Office national des droits d'auteur et droits voisins (ONDA). Elle couronnera des artistes divisés sur cinq catégories différentes, à savoir chanson de l'année, groupe de l'année, clip de l'année, révélation de l'année et album de l'année. Une productrice de la Radio nationale rejoint aussi Mehdi Bennacer : «La liste des nominés aux prix ne représente pas du tout la scène musicale algérienne. Beaucoup d'artistes talentueux, qui symbolisent vraiment -et peut-être mieux- la musique algérienne, ont été oubliés. Cela risque malheureusement de décourager certains artistes qui ont un talent confirmé.» Controverse Et de prendre en exemple Karima Nayt, dont l'album Quoi d'autre ? a été classé l'année dernière n°1 en Suède, là où elle habite, sans se voir nominer aux récompenses algériennes. Même déception chez l'artiste et journaliste Zaki Mihoubi, qui se dit «choqué que le clip réalisé par Warda El Djazaïria ait été nommé aux Awards de l'année précédente au même titre que celui du jeune groupe El Dey ou alors Babylon. Warda El Djazaïria est une grande dame de la chanson orientale, et du coup, elle n'a pas à entrer en compétition avec des jeunes artistes en quête de réussite et surtout de célébrité, d'autant qu'elle est décédée !». Les amoureux de la chanson algérienne espèrent cette année un cru plus équitable. Le choix des lauréats se fera exclusivement par le public qui sélectionnera en deux étapes son artiste préféré par SMS (au 63069) ou sur le site officiel de la Radio algérienne. A la fin de la première étape du vote, qui se poursuit jusqu'au 28 janvier, seuls les quatre premiers de chaque catégorie seront en lice pour décrocher le Grand Prix lors d'un deuxième tour qui aura lieu du 1er au 12 février. Zaki Mihoubi relève encore que «certains groupes et artistes qui pourtant font le buzz sur le net n'ont pas été retenus cette année». Enveloppes L'une des anciennes productrices de la Radio nationale reproche aux initiateurs d'organiser un évènement pareil «dans la précipitation» et sans avoir recours aux spécialistes et professionnels du domaine. «Nommer Kader Japonais dans quatre catégories est exagéré. Son clip n'est pas extraordinaire», argumente-t-elle. Sur ce point, le propriétaire des éditions Padidou est d'accord : «La sélection des nominés n'est pas fondée. Les organisateurs auraient dû faire appel à des professionnels de la musique, des producteurs, des distributeurs et consulter les chiffres des ventes de disques, et ce, dans toutes les régions du pays», déplore-t-il. Le chanteur de l'ancien raï algérien, Gana El Maghnaoui, affirme, quant à lui : «Il n'y a que Lounis Aït Menguellet, une icône de la musique algérienne, et Kader Japonais qui méritent d'être sur cette liste pour représenter la chanson algérienne», car ce dernier ne connaît pas les autres artistes et pense qu'«ils ne se sont pas faits un nom». «Je suis artiste, je suis les nouveautés musicales et ces nominés sont inconnus pour moi et pour la musique du pays», continue l'auteur compositeur et interprète. «Les organisateurs ont établi cette sélection en se basant sur les chansons qui passent le plus à la radio et la télévision, une prestation que 80% des artistes financent par des enveloppes», dénonce-t-il. Si l'artiste affirme qu'il n'est pas opposé à l'aide qu'apporte la radio aux jeunes groupes et artistes pour se lancer, il pense que «c'est aux plus grands artistes algériens de la représenter».