Le président de la section pénale près le tribunal de première instance de Constantine a condamné jeudi un magistrat exerçant au tribunal administratif de Skikda à 10 ans de prison ferme et un avocat au barreau de la même wilaya à une peine de 5 ans de prison ferme, avons-nous appris de sources judiciaires. Ils sont accusés de corruption et de complicité. Les deux accusés avaient été arrêtés le 22 juin 2014 en flagrant délit de corruption par la brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) de Skikda. Les services de sécurité avaient agi suite à une plainte déposée par un entrepreneur local, qui s'était présenté aux policiers pour dénoncer une obligation de corruption émanant d'un juge. Le magistrat était allé jusqu'à lui exiger, via son avocat, une somme de quatre millions de dinars pour intervenir en sa faveur dans une affaire administrative relevant de son tribunal. Sensible, cette affaire l'est à plus d'un titre, de par le statut des deux accusés. Ce qui avait poussé le chef de la sûreté de wilaya à saisir le procureur général près la cour de justice de Skikda pour décider des suites à réserver à ce dossier épineux. De son côté, le procureur s'en était référé à sa hiérarchie -le ministère de la Justice- qui avait donné immédiatement son accord pour que l'affaire soit traitée malgré son caractère extraordinaire. Et c'est à partir de ce moment que les éléments de la BMPJ ont convenu de tendre une souricière au magistrat et à l'avocat, mis en cause. Pour le rassurer et éviter toute suspicion, les policiers avaient alors demandé à l'entrepreneur de «marchander» avec le magistrat. Accompagné de son avocat, l'entrepreneur était alors allé voir le juge pour l'informer qu'il lui était impossible de donner la somme demandée. Le juge accepta de revoir sa demande à la baisse et se contenta d'un million de dinars. Le stratagème du flagrant délit avait été mis en marche, en convenant avec le plaignant de photocopier les billets de banque d'une partie de la somme d'argent qu'il devait remettre au magistrat en question. Au bas de son domicile, le juge encaissa l'argent remis par la victime. En tenue civile, les policiers sont intervenus immédiatement pour arrêter en flagrant délit de corruption l'indélicat magistrat et l'avocat intermédiaire.