Comment définit-on l'ostéoporose ? L'ostéoporose est une maladie du squelette osseux due à une diminution de la résistance osseuse qui touche principalement les femmes après la ménopause qui augmente de ce fait le risque de fracture. Qui et combien de gens sont concernés en Algérie ? Avant de répondre à la question, il faut insister sur un fait que l'ostéoporose est une maladie silencieuse et indolore. Elle n'est révélée que par sa complication qui est la fracture. Elle peut toucher toute la population vieillissante mais plus particulièrement les femmes ménopausées car la ménopause est un des facteurs de risque. Il en existe d'autres comme le tabac, la prise chronique d'alcool, des causes médicamenteuses comme la cortisone. Un travail réalisé en chez nous a montré que 40 % des femmes algériennes présentent une ostéoporose post ménopausique. Ce chiffre est amené à être revu à la hausse du fait de la transition démographique en Algérie avec l'allongement de l'espérance de vie. 80% des fractures chez les plus de 60 ans sont reliées à l'ostéoporose. La majorité des fractures se produisent surtout au niveau du dos, du poignet et de la hanche suite à un traumatisme minime, c'est le cas ces jours ci avec la cueillette des olives. Il faut savoir que les fractures liées à l'ostéoporose chez les femmes sont plus fréquentes que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer du sein car l'ostéoporose comme souligné précédemment est silencieuse jusqu'à ce que survienne l'épisode fracturaire. Quelles sont les causes ? Les origines de l'ostéoporose sont variées, elles peuvent être liées au phénomène naturel lié au vieillissement de la population, au manque de calcium et de vitamine D mais aussi à des dérèglements hormonaux, à la prise de cortisone ou bien à des problèmes de thyroïde. Comment reconnaître l'ostéoporose ? En l'absence de fracture majeure (vertèbre, hanche, bras, côtes....) survenue à la suite d'un traumatisme peu intense, seule une ostéodensitométrie peut confirmer ou infirmer la présence de la maladie. Cet examen-clé mesure avec précision la densité minérale osseuse. Plus la valeur mesurée est basse, plus l'ostéoporose est avancée. Quelle prise en charge thérapeutique ? La première mesure à prendre est d'assurer un apport vitamino- calcique suffisant sinon les médicaments qui ont fait la preuve de leur efficacité pour réduire le risque de fracture ne marchent pas assez. Un travail a été réalisé dans notre service chez les patientes fracturées adressées du service d'orthopédie a montré que plus de 85% des sujets ont des carences en vitamine D ainsi que des apports alimentaires insuffisants en calcium. Il faut insister sur les mesures non pharmacologiques surtout chez les personnes âgées. Il est conseillé de pratiquer une activité physique régulière comme la marche, avoir une bonne hygiène alimentaire en favorisant la consommation de laitages, huile de foie de morue ainsi qu'une exposition solaire régulière et suffisante. Et pour éviter le risque de chutes, il faut aménager l'environnement des patients, en évitant les tapis, corriger une éventuelle baisse de la vision, éviter les câbles électriques qui sont sources de chutes. Comment optimiser cette prise en charge à l'hôpital? Ceci passe par la mise en place des filières hospitalières avec d'abord nos confrères chirurgiens orthopédistes puis avec d'autres spécialités comme l'endocrinologie, la néphrologie et la médecine interne car beaucoup de fractures ostéoporotiques passent dans leurs services et repartent sans même rechercher une ostéoporose, nous travaillons dans ce sens avec eux afin de les sensibiliser sur le sujet. Une filière est déjà mise en place depuis quelques années avec nos collègues oncologues en créant une unité dédiée au dépistage et de prise en charge de l'ostéoporose à l'hôpital Belloua. Qu'en est-il du dépistage ? C'est la mesure phare pour prévenir cette maladie chronique. Il est utile à partir de l'âge de la ménopause chez la femme et un âge un peu plus avancé chez l'homme d'évaluer son risque osseux en dépistant les différents facteurs de risque et éventuellement en pratiquant des examens complémentaires comme une prise de sang mais surtout une ostéodensitométrie osseuse qui mesure la solidité osseuse par une technique qui s'apparente un tout petit peu à celle d'une radiographie. Il faudrait également mesurer la taille des patients car une perte de plus de 4 centimètres est en faveur d'une fracture de vertèbre qui doit nous mener à la confirmer. Ce dépistage est très important mais hélas peu pratiqué. Un dernier mot ? Il faut insister sur le dépistage de cette épidémie silencieuse par la lutte contre les facteurs de risque de l'ostéoporose aux conséquences lourdes ainsi que l'élaboration des recommandations nationales de la prise en charge de l'ostéoporose, véritable guide pour les praticiens afin de savoir quel traitement adapter pour chaque patient.