- Que reste-t-il des vestiges historiques de la ville de Béjaïa ? La ville de Béjaïa conserve des traces de toutes les dynasties qui sont passées par cette cité. Partant des romains jusqu'à la période de la colonisation française. Parmi les vestiges qui demeurent très apparents, nous avons un peu de toutes ces civilisations. On a les traces des citernes et de l'aqueduc romain de Toudja qui reste quand même un édifice antique. De la période médiévale nous avons la Casbah, Bordj Moussa qui est sur les traces d'un palais Hammadite et qui est d'édification espagnole, il y a le fort Abdelkader qui est très apparent aussi. De la période Hammadite et médiévale proprement dite, il nous reste deux portes qui sont très importantes et le fort de Gouraya. Et, à l'intérieur de la ville, il existe pas mal d'empreintes, comme les traces de portes, de murs, de murailles et quelques éléments de citernes. A l'intérieur de la ville elle-même se cache des vestiges au milieu d'habitations. Il y a aussi les mosquées qui sont toujours là, telle que les mosquées Sidi Sofi, Sidi Touati, Sidi Mouhoub, Sidi Mohand Amokrane, pour ne citer que celles-là. - Dans quel état de conservation sont ces monuments et sites? Je vais m'avancer sur les monuments sur lesquels je suis intervenue, notamment la Casbah, Bordj Moussa, le fort de Gouraya et les mosquées Sidi Touati. L'état de conservation varie d'un site à l'autre, selon le fait qu'ils soient occupés ou à l'état abandon. Pour les vestiges qui sont relativement occupés, malgré des dégradations qui sont dues à des mouvements de sol, à des infiltrations d'eau… etc., les bâtiments sont relativement conservés. Mais concernant ceux qui sont très peu utilisés nous constatons une dégradation avancée. Prenons le cas du mont de Yemma Gouraya, il n'y a pas une utilisation effective du monument. On a dans ce cas des pans de murs qui sont en train de s'effondrer, des toitures qui ont disparu. A l'ancienne citadelle (la Casbah), les bastions sont altérés à cause des infiltrations d'eau, le manque d'entretien, entre autres. On ne peut pas parler d'une dégradation uniformisée. - Du nouveau quant au fameux Plan permanant de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé ? Le plan de sauvegarde de la ville de Béjaïa n'est pas encore finalisé. Ce dernier est l'outil qui a été mis pour la gestion des sites historiques dont les lois et les décrets d'exécution sont applicables depuis 2005. Cette loi, la 98/04, régit tout le secteur sauvegardé et les monuments historiques. Elle est appliquée à la place du PDAU et du POS puisque nous sommes à l'échelle de la ville. La première étape de ce plan consiste en la détermination du périmètre à sauvegarder, chose qui a été faite en 2003 pour la ville de Bougie. - Le fait que la majorité du bâti de l'ancienne ville de Béjaïa est habité ne pose aucun problème aux travaux de restauration ? Le problème de ces sites c'est que la majorité du bâti est privé. Donc, les citoyens doivent prendre conscience de leur patrimoine pour qu'ils adhérent à cette politique de préservation et de conservation. Il y a un grand travail sociologique qu'il faut entreprendre envers la société civile. Mais le cas de la Casbah d'Alger nous permet d'être optimistes. - Des soucis majeurs dans votre entreprise ? Oui, nous avons un grand problème de main d'œuvre et d'entreprises spécialisées. Mais il y a des entreprises qui sont pleines de volonté et qui apprennent. Elles deviennent plus opérationnelles, mais à chaque nouveau projet nous sommes obligés de jouer aux chefs de chantier, de leur apprendre tous les rudiments de ce type d'architecture c'est-à-dire, comment faire un mortier, comment monter une voûte, un arc… etc.