L'ex-président du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, est hospitalisé depuis hier matin à Lausanne (ouest de la Suisse). Le leader historique du vieux parti d'opposition, 89 ans, a été victime, apprend-on de sources sûres, d'un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a nécessité son hospitalisation en urgence. «Son état est grave. Il a perdu toutes ses facultés physiques», affirment nos sources. Au moment où nous mettons sous presse, il était encore difficile d'obtenir plus d'informations sur son état de santé. Sa famille a envoyé un message à la direction du FFS pour l'informer de la dégradation de l'état de santé de Hocine Aït Ahmed. Pour leur part, les responsables du parti ont choisi de retarder la communication sur l'évolution de l'état de santé d'un des derniers dirigeants de la Révolution algérienne et du Mouvement national. La direction du FFS devra donner plus d'informations sur le sujet aujourd'hui lors d'une conférence de presse, prévue pour rendre compte des résultats du conseil national du parti qui s'est tenu durant le week-end. Hocine Aït Ahmed, affaibli physiquement depuis quelques années, s'est retiré de la vie politique depuis le dernier congrès du FFS (mai 2013) auquel il n'a d'ailleurs pas assisté. La direction du parti avait évoqué, pour justifier son absence à ce rendez-vous important dans la vie d'une formation politique qu'il a dirigée pendant cinquante ans, «une fatigue physique due à son déplacement au Maroc où il avait assisté à l'enterrement de sa sœur». Mais à cette époque déjà, les militants du FFS parlaient de la maladie de Da l'Ho, qui l'avait contraint à céder la présidence du parti et à prendre sa retraite politique. Les premiers graves soucis de santé d'un des derniers historiques qui ont déclenché la guerre d'indépendance sont survenus en 1999. Engagé dans la course à la présidence de la République en compagnie de six autres candidats, dont l'actuel, Abdelaziz Bouteflika, l'enfant de Aïn El Hammam (wilaya de Tizi Ouzou) a été victime d'un malaise cardiaque en pleine campagne électorale. Il avait été évacué en urgence à l'étranger. Sa campagne électorale avait été menée, par la suite, par Djamel Zenati qui était alors son directeur de campagne. Hocine Aït Ahmed est revenu au pays avant la fin de la campagne. A la veille du scrutin, il se retire, en compagnie de cinq autres candidats, de la course au palais d'El Mouradia en signe de protestation contre une fraude électorale flagrante en faveur de Abdelaziz Bouteflika. Révolutionnaire de la première heure, Hocine Aït Ahmed, né le 20 août 1926 à Aïn El Hammam (ex-Michelet), s'est imposé comme un important leader politique d'opposition en Algérie. Elu député de la première Assemblée nationale en 1962, il s'oppose frontalement au régime d'Ahmed Ben Bella. En 1963, il crée, en compagnie de nombreux responsables de la Wilaya III historique, le Front des forces socialistes (FFS) qui a dirigé la résistance contre la confiscation de l'indépendance par Ben Bella et ses compagnons de l'armée des frontières. Aït Ahmed est arrêté en 1964 et condamné à mort ; il s'évade en avril 1966 et s'installe à Lausanne (Suisse), d'où il rentrera en Algérie en décembre 1989, après 23 ans d'exil. Après moins de trois ans d'activité politique «légale» en Algérie avec le FFS reconnu, il quitte à nouveau le pays en juillet 1992, après avoir dénoncé l'arrêt du processus électoral en janvier de la même année. En janvier 1995, Hocine Aït Ahmed signe, avec d'autres acteurs politiques, le contrat de Sant'Egidio (Rome) pour la fin de la guerre civile en Algérie. L'homme est connu pour la constance de ses positions et est respecté par l'ensemble de la classe politique.