Décantation à l'APC de Constantine. Après deux années de calme apparent, il se passe enfin des choses et la météo communale annonce un temps instable, voire tempétueux. Alors que l'enquête policière avance sur le dossier à scandale des 32 villas de Boudjenana, impliquant le maire, la dissidence se dessine enfin et se donne des noms et des visages. Huit élus ont décidé en effet de déclarer leur opposition au P/APC, Seifeddine Rihani et dénoncer l'état de l'assemblée et son fonctionnement. Une opposition non partisane, puisque les dissidents sont issus de plusieurs partis politiques, à savoir le HMS, le RND, le PT et aussi le FLN, formation majoritaire et contrôlée par le maire. Dans un rapport adressé en octobre dernier au wali, ce groupe invoque «la situation déplorable dans laquelle se trouve la ville de Constantine de tous les côtés, et la souffrance de ses citoyens à cause des aspects négatifs et l'insouciance, tout ça alors que l'assemblée populaire communale ne bouge pas le petit doigt comme si elle était non concernée. C'est pour ça que nous avons décidé, nous un groupe d'élus, de vous adresser ce rapport pour exposer et éclaircir certains échantillons des dépassements de la part du président de l'APC et ses adjoints». Le groupe composé de Barka, Laâroussi, Maârouf, Nouar, Rira et Souissi, ainsi que deux femmes que nous n'avons pas rencontrées, explique qu'au bout de deux ans, il s'est avéré que le maire n'a pas le pouvoir et les compétences requises pour diriger une assemblée d'une ville de la taille de Constantine. Ils en veulent pour preuve, «des agissements illégaux et volontaristes et des décisions unilatérales, prises sans en informer les membres de l'assemblée» ; des décisions, disent-ils, qui lui sont dictées par des cercles agissant en dehors de l'assemblée et qui ne servent pas le citoyen, mais plutôt des personnes. La situation organique et le fonctionnement de l'assemblée est le premier point exposé. Selon les opposants, Rihani a marginalisé dès le début du mandat les élus qui ne lui font pas allégeance. Lors des sessions, toutes les sessions ordinaires de l'APC, il a veillé à ce que les élus ne reçoivent pas les dossiers ni l'ordre du jour. «Nous sommes convoqués non pas par courrier, 10 jours avant, comme l'exige la loi (articles 20, 21 et 22 du code de la commune), mais par simple coup de téléphone», s'indigne Souissi, qui explique que c'est là une manière de les mettre devant le fait accompli. El Hachemi Maârouf, raconte de son côté que le maire a «clientélisé» la majorité de l'assemblée en utilisant la carotte des postes salariés, offerts à 22 élus, tous rangés de son coté, à quoi s'ajoutent d'autres élus qui attendent à leur tour des privilèges. Cette majorité «inféodée» a permis au maire de faire passer plusieurs décisions contestables et contestées par les huit élus en porte à faux. Chose curieuse, le wali, Hocine Ouadah, n'a répondu à aucune des correspondances des élus opposants et n'a même pas daigné les inviter à s'expliquer sur les graves accusations qui accablent le maire. Des accusations dont nous révèlerons des échantillons dans notre prochaine édition.