L'Algérie encourt un grand risque d'être portée sur la liste noire des pays qui encouragent le blanchiment d'argent. En octobre dernier, le Groupe d'action financière (GAFI) l'a portée sur sa liste «grise» des Etats dont la législation ne répond pas aux normes. Elle a été sommée de revoir ses lois avant la tenue de la réunion de l'organisation, prévue dans la deuxième quinzaine de février prochain. Cette décision a provoqué un séisme au ministère des Finances, qui a installé un groupe de travail pour se pencher rapidement sur un projet de loi qui comblerait les failles juridiques dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d'argent. Un autre groupe de travail a été installé au ministère de la Justice, bousculé lui aussi par les délais assez courts. Une première mouture de ce texte a été adoptée en Conseil des ministres, puis débattue les 4 et 5 janvier 2015 au niveau de la commission juridique de l'Assemblée populaire nationale. Selon des sources proches du ministère de la Justice, le projet de loi sur la lutte contre le blanchiment d'argent était au programme de la session parlementaire, afin que le texte soit prêt avant la tenue de la réunion du GAFI, dans moins un mois. «S'il y a problème dans sa programmation au débat général, il ne peut être que d'ordre organisationnel.» En tout état de cause, si ce projet de texte n'est pas prêt, les conséquences seront très graves pour le pays, déjà sur la sellette depuis fin octobre dernier. Lors de sa réunion tenue à Paris, le GAFI a estimé que l'Algérie «n'a pas accompli de progrès suffisants en matière lutte contre le blanchiment et n'a pas fait l'effort d'apporter une amélioration». Pour les experts du GAFI, notre pays est identifié comme un Etat dont «les juridictions sont susceptibles de constituer un risque pour le système financier international». De fait, il est classé sur la liste grise des «pays qui ont des déficiences stratégiques, ne coopèrent pas (avec le GAFI) ou font des progrès insuffisants». L'Algérie est donc, depuis le mois d'octobre dernier, sur le même banc que la Corée du Nord, l'Equateur, l'Indonésie et le Myanmar. Les mesures prises pour «améliorer le régime de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme» ne sont pas suffisantes pour les experts du GAFI, qui estiment qu'«il n'y a pas eu de progrès dans l'application du plan d'action dans les délais prescrits et certaines défaillances stratégiques demeurent, en dépit de son engagement politique de haut niveau à travailler avec le GAFI afin de remédier à ses lacunes stratégiques».