A l'occasion d'une rencontre organisée à la librairie du Tiers-Monde, jeudi 17 août, Belgacem Aït Ouyahia a débattu sur L'Afrasienne (1), son dernier roman. Vous reconnaissez que Pépénou, un des personnages centraux de L'Afrasienne, est un héros de fiction qui vous ressemble, en particulier dans sa relation avec sa petite-fille. Un grand-père est-il avant tout un initiateur ? Dans une certaine mesure, oui. Cette homme, parti de sa Kabylie, a bourlingué avant de revenir finalement au cimetière de ces ancêtres. Il incarne l'évolution des choses et la transmission des valeurs fondamentales : le travail, la rigueur et la droiture. Vous dites qu'il ne faut pas vivre dans la nostalgie. Pourtant, vos histoires se déroulent toujours dans le passé… Pourquoi, compte tenu de votre expérience de médecin, n'écrivez-vous pas, par exemple, un polar en milieu hospitalier ? Je répondrai par une citation de Leibniz : « Le présent est lourd du passé et chargé de l'avenir. » Je suis persuadé que les trois sont indissolublement liés. Même en parlant du passé, je me situe dans le présent, ne serait-ce que pour dire aux jeunes : « Ne vous séparez pas de votre histoire. Evoluez, avancez, mais n'oubliez pas d'où vous venez, quelles sont vos racines. » Dans la société mondialisée dans laquelle nous vivons, où tout éclate, où tout se mélange, ce n'est pas facile … Quel est le dernier livre que vous avez lu et aimé ? Le piano d'Esther de M'hammet B. Larbi. J'ai aimé le réalisme de cette histoire d'amour entre une indigène musulman et une femme juive. Une histoire d'amour impossible, non seulement parce que le roman se déroule pendant la période coloniale en Algérie mais aussi parce qu'ils n'ont pas la même religion. (1) Chez Casbah Editions, 420 DA. A lire aussi du même auteur Pierres et lumières, Les blés d'or du Cheliff, Tala netmedwin (fables de La Fontaine traduites en langue amazigh) et L'allée du sang (pièce de théâtre).