Certains diront que le terme de La Baignoire est un nom bien curieux pour une exposition. Mais en fait, l'exposition en question se déroule dans l'enceinte même de l'entreprise de consulting international de l'écrivain Samir Toumi. En fait, ce lieu si particulier n'est ni une galerie d'art ni un espace artistique, mais comme l'explique si bien Samir Toumi, ce sont des bureaux où nous «menons des expériences. Il s'agit d'un concept d'espace partagé qui, régulièrement, propose au monde de l'entreprise de coexister avec la sphère culturelle dans ses formes les plus diverses. Cette expérience multiple permet de faire cohabiter des gens qui travaillent, des gens qui viennent de l'entreprise pour des réunions et qui découvrent les expositions qu'on fait et où en contrepartie le public va venir. Il va interagir avec le monde du travail. Les gens visitent mais l'idée essentielle, c'est de cohabiter les après-midi», a-t-il affirmé. Jouxtant le square Port-Saïd à Alger, les appartements de ce bureau de consulting datent de 1871. L'espace est des plus généreux et des plus éclairés à la fois. Un véritable voyage initiatique à travers un circuit bien réfléchi est proposé aux potentiels intéressés. Ainsi, dix jeunes photographes -provenant de certaines wilayas du pays- dont l'âge oscille entre 20 et 32, ans livrent chacun une série de dix clichés parlants. Ces artistes, au talent certain, ont fait le buzz sur les réseaux sociaux. Ce sont des photographes qui se connaissent et qui ne se sont jamais rencontrés jusqu'à aujourd'hui, même si, virtuellement, ils apprécient le travail des uns et des autres. L'ensemble des clichés dégage un langage émotionnel. Samir Toumi explique d'ailleurs qu'en tant qu'internaute, il est tombé sous le charme de ces photos. «Je pense que ces personnes, tout en faisant des photos différentes, ont une démarche un peu commune qui était justement à des années-lumière de la photo un peu esthétisante et aseptisée ou encore de la photo reportage pure. Elles, elles sillonnent, elles se promènent partout dans toutes les villes et elles subliment notre quotidien. Elles nous montrent qui nous sommes et la société dans laquelle on vit. Ce qui m'a le plus profondément touché, c'est que dans une société où il y a du mépris, ou parce qu'on ne s'aime pas et qu'on n'aime pas les autres et qu'au-delà du talent, c'est la tendresse et la bienveillance du regard qui portent sur l'environnement». A travers sa collection «Vitrines 2013-2014», le photographe Youcef Karche livre une série de clichés en noir et blanc, réalisés à l'intérieur d'un bus de l'Etusa. Des visages de personnes âgées, d'adolescents et d'enfants sont à voir sous un angle bien particulier. Agrippés aux barres en fer pour se maintenir ou encore assis, tous partagent cette même notion de suspension du temps. De son côté, Mehdi Boubekeur d'Alger nous convie à découvrir des prises de vue du pont du Télémly. Différents tableaux s'offrent alors au regard. Preuve en est avec l'adossement de ces trois hommes debout en djellaba sur le pont, ces femmes étendant leur linge sur les barbelés ou encore ce beau coucher du soleil. Pour sa part, Lola Khalfa de Annaba exhibe à travers sa collection «Ephémère», des prises de vue de vieux bâtis et sur des visages dédoublés. «Chawari3» est une exposition renfermant autant de sensibilité et qui nous rattache, incontestablement au beau. Un détour s'impose. Gageons, également, que cette exposition voyagera à travers le territoire national. C'est du moins le vœu de l'initiateur de cette exposition, Samir Toumi.