La situation des cancéreux ne fait que s'aggraver en l'absence d'une prise en charge à temps par les établissements spécialisés. Certains meurent avant même d'obtenir un rendez-vous de consultation ou d'admission dans les centres de lutte contre le cancer. Les plus chanceux doivent attendre plusieurs mois avant de décrocher une place dans l'un de ces hôpitaux, mais non sans difficultés puisqu'ils sont parfois confrontés aux pannes fréquentes des appareils de radiothérapie. Ainsi, l'ouverture d'un service de chimiothérapie à l'hôpital les Sœurs Bedj de Chlef a été accueillie avec un grand soulagement par la population locale. Le service, qui est opérationnel depuis janvier 2014, a accueilli l'année dernière 650 malades, dont 50% de femmes atteintes du cancer du sein, a-t-on appris auprès de cet hôpital de jour. Le cancer du sein est le mal le plus répandu dans la wilaya, après celui de l'utérus, de l'estomac, du poumon et de la vessie, a révélé un spécialiste. Il a précisé toutefois que le nombre exact de personnes atteintes de cancer ne sera connu qu'après la fin du recensement en cours, qui permettra, selon ses dires, d'élaborer un registre fiable du cancer dans la région. «650 patients traités par chimiothérapie, c'est très important pour nous, eu égard des moyens humains et matériels dont nous disposons. Même les patients attendant leur tour de radiothérapie reçoivent des séances de chimiothérapie pour ne pas les laisser sans traitement. Cela sans compter les malades qui subissent des examens médicaux périodiques et ceux acceptés dans les centres anticancer du pays, notamment ceux de Blida, Alger et Oran», a indiqué notre interlocuteur, ajoutant que le service d'oncologie de Chlef a besoin d'être érigé rapidement en service hospitalo-universitaire pour prendre en charge «correctement cette pathologie lourde». Ceci constitue, selon notre source, une condition essentielle pour assurer des réunions de coordination pluridisciplinaires et offrir des soins appropriés, en attendant l'achèvement des travaux du nouveau centre anticancer de la région. Face à la progression fulgurante des cas de cancer, le renforcement du personnel médical et paramédical et de l'infrastructure s'avère primordial pour les professionnels du secteur. «Il faut, dans l'intérêt des malades, que les différents spécialistes, notamment les chirurgiens, les radiologues et les médecins d'anatomie pathologique (Anapath) puissent travailler dans des conditions normales et examiner ensemble les dossiers des malades atteints de cancer», ont-ils clamé à l'unisson. Les quelques associations humanitaires exerçant dans le domaine n'ont cessé, ces derniers temps, d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur l'ampleur du drame et la nécessité d'assurer une prise médicale urgente, tout en se penchant sur les véritables facteurs générant ces affections graves et évolutives. Certaines ont évoqué la présence d'une matière cancérigène dans les habitations en préfabriqué construites après le séisme du 10 octobre 1980, d'autres ont pointé du doigt les décharges sauvages et l'aggravation de la pollution.