Une «route-quartier» appelée communément Trig El Course et qui prend naissance à la sortie nord de la cité Clair-Soleil et mène vers la zone industrielle, résume, à elle seule, toute cette politique de replâtrage exercée à grande échelle à Souk-Ahras. On y voit de tout. Des constructions illicites à quelques centimètres du chemin de fer, un semblant de route sinueuse et sans bitume, des immondices, des chiens et des rats en état de décomposition, vente publique des psychotropes… En voulantl'emprunter par ce matin d'hiver, l'un de ses habitants nous a conseillé de contourner cet axe où le risque de crevaison des pneus commence au niveau de la première crevasse. Ce même habitant préfère le mot «abîme» pour désigner des fosses de plus de 50 centimètres de profondeur. Arrivés aux abords d'un commerce, le gérant, S. Salah, nous a abordés avec les propos suivants: «C'est une route qui n'a pas été revêtue depuis les premières années de l'indépendance mais en consultant les archives vous allez vous rendre compte qu'au moins quatre opérations de bitumage et de réhabilitation y ont été inscrites comme réalisées, ces dernières décennies». Projets fictifs rétribués si l'on se fie à cette déclaration confortée par les voisins de notre interlocuteur. Cette même route qui menait, autrefois, à l'hippodrome de la ville, (aujourd'hui dans un état de décrépitude), a connu des restrictions causées par l'avancée des constructions précaires et l'élimination des espaces pour piétons. «Ce chemin qui traversait les vergers et les maisons en tuiles a pris l'aspect d'un bidonville malfamé», reconnait Mohamed Lazaâr, un ancien locataire. Entre ceux qui habitent les premières rares maisons et ceux qui ont transformé leurs baraques en bâtisses à étages, c'est toute l'histoire d'une cité où la loi 15/08 a été instrumentalisée à outrance au point de reconnaitre à certaines personnes malintentionnées de transformer l'espace de servitude de la voie ferrée en terrain constructible. Des situations litigieuses entre particuliers, il y en a au moins une dizaine d'affaires toutes perdues dans les dédales de la justice. «Je me suis réveillé, un jour, sur un constructeur qui m'a privé d'air et de lumière (…) j'en ai alerté les responsables compétents (…) en guise de représailles, mon nouveau voisin a carrément éliminé les voies d'accès à ma maison», nous confie B.Hamouda. Ce dernier a, semble-t-il, oublié que cette rue qui rejoint la rue des Jardins et ceux de la zone industrielle, font toutes parties d'un no man's land où tout se traite dans l'informel et où il devient difficile d'établir le distinguo entre l'officiel et le parallèle.