Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, a annoncé hier le calendrier électoral de l'année 2007. En marge d'une cérémonie de baptisation d'une cité au quartier des Bananiers, situé dans la commune de Mohammadia, à Alger, du nom du chahid Mokhtar Zerhouni, il a annoncé la tenue des élections législatives pour le mois de mai et des locales en octobre 2007. En fixant ces échéances, le ministre de l'Intérieur met du coup les partis politiques sur les starting-blocks pour se préparer. Il faut relever d'emblée que les autorités ont gardé le même agenda électoral qu'en 2002, puisque le double scrutin avait eu lieu durant les mêmes mois, soit à six mois d'intervalle. Ces élections de 2007 s'annoncent d'ores et déjà capitales en ce qu'elles donneront un avant-goût de ce que sera la présidentielle de 2009. Le FLN, qui domine outrageusement ses concurrents au niveau du Parlement et des assemblées locales depuis le raz-de-marée réussi sous la houlette de son ex-secrétaire général Ali Benflis, aura à cœur de rééditer l'exploit sous la férule de Abdelaziz Belkhadem catapulté chef du gouvernement. Pour ce parti, les données n'ont pas tellement changé. Bien au contraire. L'ex-parti unique trône partout et détient tous les leviers de commande comme en 2002, avec en sus une proximité jamais démentie vis-à-vis de la présidence de la République. C'est dire que, parti du pouvoir et parti au pouvoir, la bataille électorale de 2007 s'annonce sous le signe de la confirmation pour le FLN qui entend succéder à lui-même. Une telle projection permettra à Bouteflika, si tenté qu'il est de briguer un troisième mandat et de le gagner sans encombre grâce à la fidélité de Belkhadem qui lui assurera, via le FLN, un inépuisable réservoir électoral et un appui décisif de l'administration. Le SG du front n'a-t-il pas avoué qu'il était pour une présidence à vie de Bouteflika ! Les codes de Zerhouni et ceux de Belkhadem... Et en attendant ce double scrutin, ce parti, dont le président de la République Abdelaziz Bouteflika assure même symboliquement la présidence, s'emploie à déblayer le terrain législatif pour lancer son offensive sur toutes les assemblées élues. De fait, il n'est pas fortuit que le FLN ait planché pendant de longs mois sur la réforme des codes communal et de wilaya et en transmis ses conclusions à qui de droit. Etant quasiment sûr de faire passer ses projets comme une lettre à la poste dans un gouvernement dominé par ses ministres et au sein d'un Parlement qu'il maîtrise totalement, le FLN de Belkhadem entend « reformater » le rôle des élus locaux en fonction des exigences d'une gouvernance à venir. Celle du tout FLN sûr. Précisément, le ministre de l'Intérieur a annoncé hier que les projets de code communal et de wilaya sont fin prêts et qu'ils devraient être soumis au conseil du gouvernement prochainement. Zerhouni ne précise pas, cependant, s'il s'agissait des moutures préparées par son département ou alors celles concoctées par la fameuse commission du FLN. En tout cas, Abdelaziz Belkhadem que nous avions interrogé récemment, donnait l'impression de ne pas tenir compte de ce qu'a fait le ministère de l'Intérieur en se bornant à concéder vaguement que « nous allons collationner les deux copies pour voir la meilleure ». Et quand on sait que les projets du FLN sont inspirés par la Présidence, il est loisible de conclure que les feuilles de route de Belkhadem seront respectées à la lettre et qu'elles seront mises en application avant les élections pour garantir un succès massif des listes FLN. En face, tous les autres partis iront dans la peau des outsiders pour tenter de se disputer les quelques strapontins que le parti majoritaire voudrait bien leur céder en fonction du degré de leur voisinage avec le régime. C'est dire que dans les prochaines élections, l'appareil de Belkhadem sera juge et partie pour avoir opportunément choisi de faire adopter des textes aussi importants que le code communal et de wilaya à un Parlement qui lui obéit au doigt et à l'œil. Des textes qui auraient pu être soumis à un large débat au sein de la classe politique, de la société civile, mais surtout des élus, si la bonne gouvernance et la démocratie étaient les préoccupations du pouvoir.