Des dizaines de citoyens de la commune de Medrissa, distante de 17 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Tiaret, se sont déplacés vendredi jusqu'à notre bureau pour crier « leur impuissance face à ce qu'ils appellent un embargo qui ne dit pas son nom ». Lettre-pétition à l'appui, ces citoyens sont sidérés par la tournure prise dans leur commune à la suite de l'interpellation par la justice de leur maire, d'obédience FNA, impliqué dans des affaires de gestion de l'APC depuis 2002, et convoqué d'ailleurs au même titre que certaines autres personnes à comparaître devant le tribunal de justice de Frenda. Une APC qu'il présidera en remportant un large succès face à ses adversaires, notamment ceux conduits par l'ex-président d'obédience RND, Kelikhi Guenoune, qui est resté dans son poste durant 23 années. « Une carrière, diront les protestataires, parsemée d'une gestion chaotique qui n'a valu ni contrôle ni expertise ». Les rédacteurs de cette lettre, en préambule à ce qui s'apparente à une complainte tragique, se demandent à travers un questionnement « comment, pourquoi et qui tirent les ficelles des affaires devenues par la force des choses celles qui font la fine bouche dans cette contrée éculée ». « Celle où règnent le non-sens et le non-droit en dépit, soutient-on, de graves affaires portées devant l'opinion publique et pour lesquelles il y eut dépôts de plaintes ». Les protestataires, qui préparent un sit-in devant la Maison de la presse à Alger dans leur longue lettre à l'adresse de l'opinion publique et aux autorités administratives et judiciaires, parlent de « deux poids deux mesures dans le contrôle de la gestion de l'APC ». « Une gestion, dira Bachir Sahraoui, actuel maire de Medrissa, dans un long rapport au procureur de la République de Frenda, loin d'être transparente, encore moins légale eu égard à certaines opérations financières douteuses constatées à l'issue d'une enquête de la wilaya à propos des exercices antérieurs à l'année 2003 ». Cet élu dira que « certaines factures, en majorité douteuses, établies par quelques fournisseurs et portant sur des quantités énormes de marchandises dépassant de loin les besoins de la commune et représentant un montant global de 24 237 736,97 DA concernant les sections de fonctionnement et d'équipement et apurées dans le cadre du désendettement ainsi que dans le cadre de la gestion courante, révèlent certaines anomalies (absence de bons de commande, bons de livraison, bons de réception et falsification de dates et numéros ainsi que la reproduction de nombreuses factures payées dans leur programme et imputations respectives et reproduites ensuite dans le cadre de l'assainissement des créances impayées ». A cela, dira le maire « s'ajoute l'absence de visa technique et suivi, vu la quantité très importante de matériaux de construction ». Ce jeune maire, écorché dans son amour-propre, a été jusqu'à « citer les noms des fournisseurs, les numéros de factures et des mandats libellés en leurs noms au titre des créances impayées ». Des factures qui soulevaient des observations souvent pertinentes comme « la détermination de la relation entre la fourniture et l'intitulé du projet », à savoir à titre d'exemple « la peinture pour les besoins de la viabilisation ». Pour tout dire, et comme il fut souligné, « il y aurait doute sur l'authenticité des factures sus-citées », notamment à l'endroit d'une entreprise basée à Sougueur. Même « le numéro du registre de commerce ne cadrait pas avec la date des régularisations de ces factures durant la période 1991/1997 ». Un dossier, quoi qu'en disent les contradicteurs du maire, qui mérite d'être éclairé. Des contradicteurs, c'est de bonne guerre d'ailleurs, qui ne restent pas inactifs en nous soumettant une lettre où ils n'y vont pas de main morte en « qualifiant la gestion du maire de catastrophique allant jusqu'à parler d'un détournement de 20 millions de dinars », mais sans nous présenter les preuves de leur assertion, à tout le moins les documents de base justifiant leur réaction.