Emprisonnés pour avoir réclamé pacifiquement le droit au travail, neuf militants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs ont été condamnés à des peines de prison ferme par le tribunal de Laghouat mercredi passé. Un énième harcèlement judiciaire contre des animateurs d'un mouvement de chômeurs qui fait réagir des ONG internationales. La Fédération internationale des droits de l'homme, le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme et l'Organisation mondiale contre la torture dénoncent l'«arrestation arbitraire» ainsi que le harcèlement judiciaire dont ils font l'objet en ce que «leur détention ne semble viser qu'à sanctionner leurs activités de défense des droits de l'homme». Les trois ONG ont également exigé la libération «immédiate et inconditionnelle» des militants emprisonnés. Dans un communiqué commun, les trois organisations de défense des droits de l'homme interpellent les autorités algériennes afin de «mettre fin à toute acte de harcèlement à l'encontre des militants arrêtés, y compris au niveau judiciaire, conformément aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur la défense des droits humains». Elles appellent aussi Alger à «garantir l'exercice des libertés de réunion, d'association et d'expression, conformément à la Constitution algérienne et aux dispositions du Pacte international pour les droits civils et politiques ratifié par l'Algérie». Pour rappel, les militants condamnés – Mohamed Rag, Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Bekouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader – ont subi par le passé un harcèlement policier et judiciaire. Ils sont connus pour leur engagement social à Laghouat et dans certaines villes du sud du pays. Depuis que le mouvement des chômeurs a fait irruption sur la scène nationale, la ville de Laghouat est devenue une des plaques tournantes de la contestation sociale, ce qui n'est pas du goût des autorités. Leur réponse était de mater ces militants, les mettre en prison pour en faire un exemple et empêcher que la contestation s'installe durablement dans les villes de l'intérieur. Mohamed Reg, qui a écopé d'une peine de dix mois de prison ferme, avait été déjà arrêté en février 2013 lors d'une manifestation devant le bureau de main-d'œuvre de Laghouat. L'année d'après, il a été également poursuivi dans une autre affaire avant d'être acquitté. En novembre 2014, Mohamed Reg, Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Azzouzi Boubakeur avaient été poursuivis pour «attroupement et outrage à fonctionnaire». Ces militants subissent un acharnement policier permanent dans le but de les faire taire. Mais, l'engagement des militants est inébranlable.