Poètes, vos papiers ! Voilà l'intitulé de la rencontre poétique fort alléchante proposée la semaine dernière par le Café Littéraire de Béjaïa, devenu, entre temps, un rendez-vous incontournable, tant il est vrai que les espaces culturels se sont rétrécis au fil de l'avancée inexorable d'une société résolument tournée vers la consommation des biens et des services, loin des idées, de la culture et de la pensée. L'espace d'un bel après-midi ensoleillé, une vente dédicace d'ouvrage suivi d'une lecture de poèmes ont réconcilié l'audience du petit théâtre du TRB avec l'émotion née des mots qui font mouche. Le devant de la scène a été occupé par la jeune poétesse Sabrina Challal venue présenter son dernier opus «Comme un souffle sur ma nuque», Saida Otmanetolba et son «Je m'excuse pour le Bonheur» ainsi que Lazhari Labter, sous la double casquette de poète et d'éditeur, qui a conquis le public avec ses «Fetwas hallal pour l'amour». C'est une autre poétesse et écrivaine, Dyhia Lwiz, qui a eu à animer cette rencontre et à présenter au public cette belle brochette de poète et de poétesses venus semer leurs moissons de rimes et d'émotions au milieu d'une foule aussi conquise qu'attentive.Saida Otmantolba a tenu d'emblée à allumer une bougie comme le nom de la ville hôte à la mémoire d'une grande figure de la littérature algérienne et mondiale qui venait de s'éteindre, Assia Djebar, en l'occurrence. Lazhari Labter, lui, a tenu à souligner d'emblée ce souffle littéraire nouveau qui apporte de nouvelles voix : «De plus en plus de femmes investissent le champ littéraire et cela augure de beaucoup d'espoir pour cette littérature algérienne, l'une des plus dynamiques du Maghreb», dira-t-il. Poésie mais aussi transgression des codes éculés de la société car il s'agissait essentiellement de briser les chaînes des interdits et d'évoquer avec des mots crus ou feutrés, des mots de poètes transis, le désir, la sensualité, les fantasmes et le corps en émoi. Un défi majeur relevé avec brio aussi bien par nos poètes du jour et de toujours que par le collectif du Café Littéraire.