« Nous ne pouvons nous prononcer sur des questions qui sont encore au stade de la théorie. Lorsque nous aurons le texte entre nos mains, nous dirons ce que nous en pensons, et c'est uniquement à ce moment là que nous arrêterons notre position », a dit le chef du MSP. Invité, lors d'un point de presse qu'il a animé à l'issue de son allocution d'ouverture des travaux de la rencontre, à se positionner par rapport à la proposition de passer à un nombre illimité de mandats présidentiels septennaux, M. Soltani n'en a été pas moins évasif. « Nous sommes une force de proposition qui n'est pas là pour commenter les propositions des autres », dira-t-il. Rejetant catégoriquement le retour à la solution sécuritaire après l'expiration des délais accordés aux terroristes dans le cadre de la réconciliation nationale, M. Soltani se dira tout de même « contre la prorogation de ces délais ». « Mais il faudra laisser les portes ouvertes aux éléments qui (passé le 31 août) voudraient mettre fin à leurs activités (terroristes) », insiste-t-il. Comment ? « C'est au président de la République d'user des prérogatives que lui confère cette même loi de définir le canal juridique approprié pour ce cas de figure », ajoute le président du MSP. « Croyant en les déclarations des hauts responsables selon lesquelles le pays va bien », il revendique la levée de l'état d'urgence « qui n'a plus de raison d'être ». « Ou alors qu'on nous dise ouvertement que la situation est si mauvaise que cela, qu'on reconnaisse publiquement que l'état d'urgence est encore réellement nécessaire », dit Soltani qui voudrait ainsi mettre ses amis de l'Alliance présidentielle face à leurs responsabilités. Fidèle à sa position ambivalente, le chef de file des islamistes « participationnistes » se montre satisfait de la politique économique que mène le Pouvoir actuellement tout en dressant un constat des plus alarmants sur le volet social de la démarche gouvernementale. « Sur le plan économique, de nombreux projets sont en train d'être menés, lesquels ont conduit à une amélioration sensible dans plusieurs domaines. Mais le front social, lui, demeure soumis à de terribles tensions dues à l'échec des politiques engagées ces dernières années », dira-t-il. C'est d'ailleurs pour cette raison que le MSP lance le débat et la réflexion sur la gouvernance politique et les défis du front social, mot d'ordre de sa 6e université d'été. Pour ce qui est de cette question, le parti de M. Soltani fonde sa politique sur huit axes principaux : la protection de la famille algérienne de la dislocation, la pauvreté et la déviation ; la diffusion de la morale et des principes islamiques dans la société ; le développement de la solidarité et de la couverture sociale ; le traitement de la pauvreté, l'ignorance et la maladie ; la sensibilisation et la dynamisation de la société civile pour contribuer au développement ; l'assistance des couches sociales démunies, les handicapés, l'enfance et l'encouragement de la pratique sportive. « Des chantiers où le pouvoir a échoué », tranche M. Soltani. « Lequel échec a provoqué chez le citoyen une sorte de sentiment d'exclusion et de privation surtout face aux importantes sommes de devises engrangées par les ventes pétrolières », appuie-t-il. Afin de sortir de cette « situation de crise » il faut concevoir des mécanismes de lutte contre le chômage à travers notamment l'encouragement des petits investissements et la garantie de la stabilité politique et de la sécurité sociale ; la révision de la politique de la santé nationale et la levée de tous les obstacles devant les investisseurs (fonciers, douaniers et autres), recommande le MSP qui plaide pour la protection de la classe sociale moyenne au sein d'une démocratie sociale. M. Soltani a aussi vivement critiqué le « regard paternaliste que portent les responsables sur la société », lesquels « pensent que les richesses nationales sont une propriété du gouvernement qu'ils gèrent comme ils l'entendent » tout en s'attaquant aux « voies laissées libres pour la dilapidation des deniers publics ». Dans le chapitre de la politique internationale, le leader du MSP, qui a déclaré que la « position de l'Algérie, peuple et gouvernement, sur la question libanaise est à saluer », a dénoncé « l'agression israélienne contre les peuples libanais et palestiniens ». Se prononçant sur le mode de scrutin le mieux indiqué pour le pays, M. Soltani dit préférer le système proportionnel, mais tient à connaître le volume du corps électoral.