Il nous a fait part officiellement de l'existence d'une équipe et non d'une commission présidentielle. L'Expression: Comment appréhendez-vous l'enlèvement des deux diplomates en Irak? Abdelaziz Belkhadem: C'est un acte déplorable, vu les bonnes relations que nous avons avec l'Irak. Cependant, nous avons reçu des assurances du gouvernement irakien qui nous a certifié que tout sera fait afin que nos deux diplomates soient retrouvés sains et saufs. Je vous informe qu'aujourd'hui (hier vendredi), il y a eu la réunion au niveau du ministère des Affaires étrangères irakien, une réunion de tous les ambassadeurs des pays arabes accrédités en Irak. De notre côté, nous ne laisserons rien au hasard pour que nos deux diplomates ne subissent pas un sort tragique. Vous avez été destinataire d'une pétition signée par 160 députés qui vous demandent d'interférer dans le renouvellement des structures du groupe parlementaire et de recourir au suffrage universel. Allez-vous accéder à leur demande ou allez-vous procéder par désignation? Effectivement nous avons reçu les doléances de nos députés que nous avons examinées avec beaucoup d'intérêt. L'opération de renouvellement des structures de l'APN en ce qui concerne le FLN a été reportée à la prochaine session prévue pour le mois de septembre. Je vous informe qu'une liste de candidatures est déjà ouverte. Elle est composée de 85 députés qui prétendent aux différents postes. Jusqu'à présent tout se passe le plus normalement du monde. maintenant ce qui n'a pas été encore tranché au niveau de l'instance exécutive du parti, c'est la manière avec laquelle nous allons procéder pour accomplir l'opération. Faut-il donner la possibilité aux députés de postuler poste par poste ou alors leur demander de participer au scrutin aux fins de dégager une liste de 27 noms qui correspondraient aux 27 fonctions au sein des commissions et du groupe parlementaire. L'instance exécutive devra tenir une réunion pour prendre la décision finale. Quant au poste de chef du groupe parlementaire, il n'est pas éligible, c'est un poste politique, son titulaire est désigné par la direction du parti comme cela se fait ailleurs. Ce n'est pas propre au FLN. Vous n'avez eu de cesse de réclamer la révision de la Constitution contrairement à vos partenaires de l'Alliance présidentielle. Pourquoi précisément maintenant et que faut-il concrètement changer? Au FLN, nous pensons que le moment est opportun d'en parler et nous avons pour ce faire, décidé d'engager un large débat dans ce sens. D'ailleurs la révision constitutionnelle a été retenue sur la liste des thèmes de l'université d'été qui se déroulera à Boumerdès les 27, 28, 29 et 30 août. Nos motivations sont claires, nous pensons que le texte fondamental consacre un régime hybride qui a certainement fonctionné jusqu'à présent mais malheureusement qui comporte des lacunes et des confusions auxquelles il faut remédier. Il est important de clarifier les rôles des institutions et déterminer la nature du régime dans lequel évolue le pays. Est-ce un régime présidentiel ou est-ce un régime parlementaire que nous voulons? l'actuel est confus. Il est mi-figue, mi-raisin. Nous avons entendu dire qu'au sein du FLN, on opte pour le régime présidentiel. Est-ce que vous le confirmez? Au FLN nous sommes persuadés que l'idéal serait d'arriver à terme à un régime parlementaire. Est-ce parce que vous constituez la majorité au sein de l'APN que votre choix est porté sur le régime parlementaire? Non! J'ai dit qu'un régime parlementaire serait l'idéal à terme mais pas avec les données actuelles. Doit-on comprendre que s'il faut réviser la Constitution dans le cas présent, elle doit consacrer le régime présidentiel car les données actuelles ne permettent pas d'asseoir un régime parlementaire? Nous tenons à ce que la révision constitutionnelle se fasse et elle se fera probablement avant 2009. Le texte doit être clair et séparer les pouvoirs en définissant les prérogatives de chacun et notamment les institutions. Prenons le cas du parlement bicaméral. Nous avons d'un côté l'APN et d'un autre le Sénat. La chambre haute a des prérogatives limitées par rapport à la chambre basse. Elle ne peut ni légiférer, ni amender. Elle n'a le pouvoir que d'approuver ou de rejeter. Voilà, l'une des lacunes à combler et une erreur à corriger. Nous voulons que nos institutions soient fortes et que le Sénat soit réellement une chambre haute. Le problème du contrôle cité dans la Constitution est également soulevé. Idem pour le rôle de l'élu qui doit être défini pour éviter que des campagnes dite mains propres, au lieu de permettre d'assainir la situation vont permettre au contraire à l'administration d'outrepasser ses prérogatives et de faire de l'édile qui est représentant du peuple un simple exécutant. Toutes ces situations auxquelles nous sommes confrontés doivent être clarifiées. Vous allez entrer de plain-pied dans les prochaines élections partielles de kabylie. Allez-vous vous présenter dans des listes communes avec vos partenaires de l'Alliance présidentielle? Nous sommes en pleine opération de renouvellement des structures de base, à savoir les kasmas et les mouhafadha ainsi que l'opération d'adhésion et de réadhésion dont nous avons décidé de proroger les délais jusqu'à la fin de l'année en cours mais cela ne nous empêche pas de nous préparer et d'une manière effective pour les échéances électorales à venir y compris les partielles de Kabylie. Nous avons annoncé notre participation et nous comptons rassurer nos élus qui s'inquiètent s'agissant des listes électorales. Pour ce qui est des listes communes avec nos partenaires, je peux vous affirmer qu'il n' y en a aucune. L'Alliance présidentielle n'est pas un parti. Nous gardons chacun de nous, notre autonomie et notre indépendance. Nous entrons en lice avec les listes de nos militants uniquement. L'Algérie a connu une amélioration sur le plan sécuritaire. Certains partis à l'exemple du MSP ne voient pas l'utilité du maintien de l'état d'urgence. Quelle est la position du FLN par rapport à cette question? Comme je vous l'ai déjà dit, l'Alliance présidentielle n'est pas un parti. Libre au MSP de demander la levée de l'état d'urgence. Nous ne considérons pas cette question comme primordiale. Si l'état d'urgence n'entrave pas les libertés individuelles et collectives, nous ne voyons pas d' objections à son maintien surtout s'il est nécessaire à la lutte antiterroriste. Vous vous êtes rendus en terre libyenne récemment, au lendemain de la tenue de la réunion de l'Union des parlements arabes où on a constaté sa défection. Peut-on savoir l'objet de votre déplacement? Il faut rectifier certaines idées concernant la Libye. Sa conception du pouvoir est différente, voire unique. Elle est contenue dans le Livre vert. Cela fait qu'il ne dispose pas d'institutions sous la forme existante dans les autres pays. En ce qui concerne sa défection, je crois qu'elle est liée à cette conception même que je viens d'évoquer. Les Libyens ne croient pas à la représentation parlementaire. Pour ce qui est de l'objet de mon déplacement, je pourrais vous dire que j'ai été porteur d'un message du président de la République au guide libyen Mâamar El Khadafi, en rapport avec les relations bilatérales, mais je ne pourrais pas vous dire le contenu. Etes-vous toujours en contact avec le Maroc après l'annulation de la visite du chef du gouvernement Ouyahia par les autorités marocaines? Le contact avec le Maroc n'a jamais été rompu. Nous ne considérons pas le conflit du Sahara occidental comme un casus belli. Nous ne cautionnons pas le fait accompli. Nous restons sur notre position initiale. Il y a occupation du Sahara occidental que nous ne pouvons pas occulter. Il y a une résolution des Nations unies à laquelle le Maroc doit se soumettre. Notre position est inchangée. Nous nous en tenons à cette résolution qui garantit le respect et la dignité du peuple sahraoui. Cela dit, nous aspirons à de bonnes relations entre l'Algérie et le Maroc. Nos deux peuples méritent de vivre en paix. Dans ce cas-là que deviennent les fameuses commissions mixtes installées à l'effet d'étudier les problèmes techniques entre les deux pays et notamment la question de la réouverture des frontières? S'il est vrai que ces commissions ont été installées à l'époque où j'étais à la tête du ministère des Affaires étrangères, je ne veux pas me prononcer à la place de mon collègue Mohamed Bedjaoui mais je sais que ces commissions vont être réactivées bientôt. Il y a un travail diplomatique qui se poursuit dans ce sens. Les partis qui composent l'Alliance présidentielle et dont votre entité fait partie, donnent souvent l'impression d'être incohérents, voire incompatibles. Cela est patent à travers les philippiques que les uns adressent aux autres dans les sorties médiatiques. Ne pensez-vous pas que ce qui vous désunit est plus fort de ce qui vous lie? Absolument pas ! Il est normal que le FLN, le RND et le MSP aient des divergences par rapport à certains dossiers. Comme je n'ai eu de cesse de le répéter, l'Alliance présidentielle n'est pas un parti, elle s'est constituée dans le but primordial d'accompagner le programme du président de la République et les réformes engagées dans différents secteurs. Il y a sans doute manque de coordination mais nous trouvons toujours un terrain d'entente. A la naissance de l'Alliance, nous avons convenu d'un certain nombre de questions sur lesquelles nous sommes tombés d'accord et qui ne s'inscrivent pas en porte-à faux des constantes nationales. Concernant les dossiers politiques, il est clair que nous sommes constamment en contact pour nous concerter afin de trouver des solutions qui arrangeraient les trois parties. Nous ne pouvons nier l'existence de divergences, ce qui est tout à fait normal, sinon il n' y aurait pas de débat contradictoire. Une rumeur persistante parle d'un remaniement gouvernemental imminent dans lequel vous prendrez la tête de l'Exécutif. Je dément cette information, ce n'est comme vous venez de le dire, qu'une rumeur. Il n' y aura pas de remaniement gouvernemental, en tout cas il n'est pas imminent. Le FLN a été le premier à dénoncer la loi sur les Français rapatriés. Vous avez déclaré dans l'une de vos conférences que la France officielle devrait s'en démarquer. Est-ce à dire que vous attendez des excuses publiques de la part du chef de l'Etat français, Jacques Chirac? le FLN a été très clair en dénonçant cette loi scélérate, il ne peut accepter la falsification de l'histoire ni cautionner pareille démarche. Nous souhaitons que la France officielle s'en démarque et qu'elle s'excuse des crimes et de s commis lors de la période coloniale sur les Algériens. Il est certain que nous ne pouvons tolérer une telle dérive qui met à mal les relations bilatérales entre nos deux peuples qui aspirent à vivre dans la sérénité et qui veulent tourner la page en redémarrant sur de bonnes bases, faites de respect mutuel et de convivialité. Maintenant nous ne pouvons pas forcer le président de la République française, Jacques Chirac, à demander des excuses publiques, c'est au président lui- même d'en juger. Peut-on connaître la composante de la commission présidentielle qui planche actuellement sur le projet de la réconciliation nationale? Il n'existe pas de commission présidentielle spécialement installée pour plancher sur le projet de la réconciliation nationale. Par contre, il y a une équipe composée de personnalités politiques et de juristes qui activent pour s'atteler à mettre en place les grandes lignes de ce projet qui sera bientôt soumis à référendum. Peut-on connaître les noms des membres de cette équipe? Je ne peux pas vous le dire, mais ce sont des hommes d'Etat et d'éminents juristes. Pourquoi tant de mystère autour d'une question capitale qui plus est va être soumise à la consultation populaire? Il n' y a pas de mystère mais nous voulons éviter le surenchères. Confirmez-vous l'existence d'un texte ayant trait à la réconciliation nationale? Il n'existe pas de texte de loi mais un document sur lequel l'équipe que j'ai citée est en train de réfléchir. Je pourrais vous donner les grandes lignes du projet. Le peuple sera consulté sur la base de ce document et une fois que le peuple aura tranché, ce document sera la source d'un texte de loi qui passera par les canaux habituels. Quelles sont ces grandes lignes que vous venez d'évoquer? Le document est censé répondre aux attentes de toutes les couches concernées. Il englobe toutes les victimes du terrorisme et tous les acteurs impliqués dans la crise politique. D'abord, pour les familles des victimes et celles des disparus, il institue des indemnisations qui leur seront accordées, pour les repentis dont les mains ne sont pas tachées de sang, ces derniers seront réhabilités dans la vie sociale et réintégrés dans leurs postes d'emplois qu'ils ont perdus. Les enfants des terroristes qui sont nés dans les maquis seront régularisés dans l'Etat civil. Les problèmes résultant de la crise politique seront réglés par des mécanismes juridiques. Ceux qui ont perdu leurs biens durant la décennie rouge pour cause de terrorisme seront également indemnisés. L'amnistie fiscale ne touchera pas les délits économiques. Elle touchera uniquement ceux qui ont subi des dommages durant la période de terrorisme. Quant à l'amnistie générale, c'est une mesure de la réconciliation générale. A quand le référendum? Le corps électoral sera convoqué bientôt. Il est fort possible qu'il s'effectue avant même les élections partielles. Cette possibilité n'est pas à écarter.