De son lointain Arkansas, dans le sud des States, Big Piph, rappeur averti, a atterri avant-hier avec son groupe Tomorrow Maybe, dans la majestueuse salle des concerts du palais de la Culture. Une première en Algérie pour cet artiste modeste, blagueur, mais d'un talent inouï. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'Epiphany, son vrai nom, ébranle les ruines de la Mansourah et enflamme la salle avec Zone Out, son tube à succès, repris en chœur par des jeunes quasiment en transe. Il enchaîne en se déhanchant comme s'il marchait sur des nuages, avec Something To tell Ya. Les briquets s'allument. Le rappeur, en totale communion avec son public, prend son smartphone, chante et filme ses fans. Le clou de la soirée : une vingtaine de lycéens tlemcéniens formés dans un atelier par l'artiste en deux jours font le chœur au Big Piph. Et, subitement, toute la salle se transforme en chorale. «J'ai été fasciné par ce peuple hospitalier» «Dès que j'ai posé le pied en Algérie, j'ai été fasciné par ce peuple hospitalier, spontané, naturel et vivant. Le pays est très beau, le public est en or, yeah… !», s'est-il confié à nous dans les coulisses. Se sentant comme chez lui et heureux de cet accueil, l'enfant de l'Arkansas a décidé de se produire très prochainement à Alger. Très solidaire, Big Piph a fait associer des rappeurs et des danseurs de Tlemcen, comme Africa United, qui avait chauffé la salle auparavant avec Moulat El djellaba, du rap algérien où amour, humour et nationalisme s'épousent et les superbes Mysterious Crew, des artistes à couper le souffle avec des danses acrobatiques d'une beauté rarissime. Big Piph, un artiste humaniste, au sourire facile, une timidité à peine voilée et au talent confirmé, a chanté dimanche soir au pied de Lalla Setti l'amour, la fraternité, la paix. Il a fait la fête avec une jeunesse qui ne s'attendait pas à mieux. Thank you, maestro !