Alors que certaines galeries d'art en Algérie ferment leurs portes après une courte durée d'existence, d'autres espaces d'exposition naissent au parfum du jour, et ce, au grand bonheur des intéressés. La preuve avec la nouvelle galerie d'art qui vient d'ouvrir ses portes au sein-même du Théâtre national d'Alger. Cette galerie, aménagée dans l'ancienne salle de conférences du Théâtre national, a nécessité six mois d'intenses travaux. Accessible à partir de la rue Bouzrina (marché de la rue de la Lyre), la superficie de cette galerie est de l'ordre de 70 m2. Pour son baptême du feu, six artistes peintres et deux photographes exposent leurs œuvres. Intitulée «Hors-champ», cette exposition se targue de rassembler, d'une part, de grosses pointures de l'art contemporain algérien, et, d'autre part, de révéler des noms émergents de la nouvelle scène artistique. L'osmose est des plus parfaites entre ces deux générations. Parmi ces derniers, citons Zoubir Hellal, Malek Salah, Nasser Medjkane, Mustapha Nedjaï, Rachid Djemaï, Rachid Nacib, Karim Sergoua et Adlene Samet. L'ensemble des œuvres qui se donnent à voir exaltent une profondeur certaine. Zoubir Hellal expose deux œuvres bien particulières. Il s'agit de deux grandes fenêtres en bois de couleur foncée. Il est important de signaler que l'artiste travaille depuis un moment sur ce thème des fenêtres, avec toutefois des interruptions. Mais là, il ne s'agit pas de l'une de ses anciennes expositions intitulée «Antar et Abla». Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la fenêtre ne s'ouvre point sur un plan précis. Elle est plutôt fermée sur l'extérieur. Le regard scrute deux personnages distincts de l'extérieur de la fenêtre. En effet, une jeune fille en foulard et un jeune homme à la barbichette naissante occupent chaque fenêtre. Ils semblent se confronter dans un genre de duel. La peinture de Zoubir Hellal a ce pouvoir de faire des clins d'œil pluriels, à l'image de ces petites représentations posées en médaillon. Le plasticien explique que même si le rapport entre l'homme et la femme a évolué, il n'a cependant pas changé. L'artiste ne met pas uniquement en valeur le regard de ces sujets, mais donne à voir en avant-plan les attitudes et les postures. «Je reste simple sur mes tableaux. C'est un rapport sociologique que je propose, et ce, compte tenu de ce qui se passe en Algérie. Je ne suis ni un analyste ni un sociologue, mais je regarde. Et je vois comment il y a eu des transformations dans la société. Des choses qui étaient très simples à accepter ne le sont plus actuellement.» Malek Salah est, lui aussi, un routier des arts plastiques. La peinture, il en a fait son métier depuis quelques années déjà. Il livre deux immenses œuvres. Ces dernières font partie d'une série de tableaux, intitulée «L'émergence», entamée depuis huit mois. L'artiste précise que ce présent travail donne un petit aperçu sur un effort qu'il a entamé en 1998 avec des interventions en fonction de la préoccupation du moment. Son travail s'articule autour d'une interrogation sur l'art. Si le premier tableau est parsemé de signes s'enchevêtrant et s'entrechoquant, dans le deuxième l'ensemble de la surface est tapissé de peinture noire avec, au centre, l'écriture : «le signe». «Mon travail, explique-t-il, est lié à la conscience et à la spiritualité. Mon travail est une continuité et un apprentissage.» Pour sa part, le photographe Nasser Medjekane propose trois photos en noir et blanc de personnes affairées dans leur quotidien. Les traits sont tirés et les regards sont bien soucieux. Des tranches de vie qui se donnent à deviner en filigrane.