Le Théâtre national d'Alger s'est doté depuis peu de sa propre galerie d'art. Une exposition intitulée «Hors champ» s'y déroule jusqu' à la fin mars 2014. C'est dans l'ancienne salle de conférences que la nouvelle galerie se situe. Son entrée est du côté du marché de la rue de la Lyre. D'une superficie de 80 mètres carrés, la salle d'exposition en question est de forme rectangulaire avec des murs blancs. L'éclairage est moderne. Pour les besoins de cette inauguration, huit artistes entre plasticiens et photographes exposent leurs œuvres jusqu'à la fin mars 2015. Parmi ces derniers figurent Rachid Djemai, Nasser Medjkane, Rachid Nacib, Mustapha Nedjai, Malek Salah, Adlane Samet, Karim Sergoua et Zoubir Hellal. A raison de deux tableaux par artiste, la collection dans son ensemble se targue de contenir des œuvres rivalisant de formes et de couleurs. Dans le catalogue de présentation, il est souligné que « le concept de cette exposition s'inscrit dans la dynamique de création de lieux alternatifs qui semble se dessiner à Alger depuis quelques temps. Son titre est révélateur de notre intention de sortir des lieux habituels pour tracer un chemin en lisière, en investissant un lieu insolite dans l'enceinte du théâtre national d'Alger. L'absence flagrante de lieux dédiés à l'art contemporain est significative de la pauvreté et du recul que notre pays ne cesse de cumuler dans le domaine culturel. Nous n'avons d'autre choix que de saisir toutes les opportunités qui s'offrent à nous. Cette proposition d'occuper un espace pour es arts visuels dans l'enceinte du théâtre national d'Alger, ne nous semble pas si incongrue, et participe de notre volonté de prendre racine dans le tissu urbain de la ville, d'amplifier la résonance de notre présence, en inscrivant ce lieu comme lieu de monstration et de diffusion de l'art algérien ». Le plasticien et artiste peintre Zoubir Hellal nous a habitués à nous présenter des œuvres de qualité, sortant de l'ordinaire. Il vient avec deux œuvres bien originales. En effet, il livre deux fenêtres en bois par lesquelles on découvre le visage d'une femme et d'un homme. De petits dessins en forme de médaillon se donnent à scruter avec beaucoup d'intérêt. Rachid Djemai s'inscrit lui aussi dans un regard sur la société algérienne, plus spécifiquement sur la femme voilée des années 1950, figure de nos mères et de nos grands-mères dans cette Algérie du centre, dont il avoue la nostalgie. Il en fait une sorte d'icône qu'il montre de manière récurrente depuis plu- sieurs années en peinture, dessin et sculpture. Pour cette exposition, il nous propose des peintures à mi-chemin entre abstraction et figuration. Espaces paysages structurés, organisés en plans, où la technique prend le pas sur le sujet. Inclassable malgré les différentes influences qu'on peut y déceler, on ne peut saisir avec précision son intention, tant le facteur d'incertitude prédomine. Djemai est un artiste de la périphérie, car il ne suit aucun mouvement et ne cherche pas à s'inscrire dans un style ou démarche. Le photographe Nasser Medjkane connu dans le domaine de la presse présente quant à lui, trois photographies dans un registre qu'il juge classique, mais qui, en vérité, est empreinte de modernité. « A la manière d'un promeneur qui arpente les rues pour saisir des moments, des situations qui l'interpellent, Nasser Mejkane est un voyageur par l'esprit, une fin observatrice qui sait l'importance de l'instant présent».