Ce n'est pas une caricature. « Zigou Beach » est la nouvelle appellation de Palm (ou Palam) Beach de Staouéli. Ce sont ceux qui ont l'habitude de s'y rendre qui l'ont baptisée ainsi. Une sorte de revanche sur le temps. Réservée, depuis toujours, aux « privilégiés », Palm Beach n'était alors qu'un fantasme populaire : tout le monde en parlait et rares sont ceux qui s'y sont invités. Finalement, elle devient, depuis quelques années, accessible, gratuitement, au large public. Un cadeau empoisonné, fait-on remarquer, puisque la plage est gagnée par la déchéance, d'où sa nouvelle appellation. Elle n'est plus ce qu'on se l'imaginait. La première des choses que l'on remarque en visitant le site, c'est l'absence de palmiers qui a donné son nom non seulement à la plage, mais à tout le site. On a beau chercher, rien. Dans le voisinage immédiat de la mer, il n'y a que des villas et des complexes abritant notamment des clubs, des bars-restaurants et des hôtels. En retrait, des champs ceinturés de rosiers et de pins. à Rosiers Plage ou Pin Beach, qui sentent le « pays », l'on a préféré Palm Beach, à l'évocation exotique, mais qui ne tardera pas à puer… l'égout ! L'autre image qui s'offre aux visiteurs, c'est cette colonne en béton en forme de jetée de construction visiblement récente. à l'intérieur, des buses à grande dimension constituent un réseau d'assainissement. Le réseau est-il opérant ? Dégage-t-il des eaux usées ? « Il est fonctionnel, mais rejette des eaux traitées », indiquent les uns ; « Il n'est pas fonctionnel en période d'été, mais dégage juste après des eaux sales », déclarent les autres. Ce sont là, les avis de jeunes estivants qui se sont installés sur la construction. La réponse est chez les travailleurs de la station de relevage de la Seaal, implantée dans les lieux : « Le réseau, assurent deux employés, sert à drainer les eaux d'un oued qui passe par là et qui doit nécessairement finir en mer. Durant la période de l'été, sa mise en œuvre est suspendue. Celle-ci reprend normalement après la fin de la saison estivale. Concernant le réseau d'assainissement, le station est là pour filtrer les eaux avant qu'elles se déversent en mer. » Bien entendu, l'oued en question reçoit des eaux usées tout au long de son lit et qui finissent en mer. A ce propos, les deux travailleurs n'ont rien voulu dire. Zigou Beach est donc délimitée par deux conduites d'assainissement. Au-delà de l'ex-Palm Beach, la plage Azur connaît le même problème. Un filtre naturel (rochers et sable fin) retient les déchets exécrables d'un oued dont les eaux finissent en mer. Plus loin, la Plage militaire est polluée. Un panneau indique qu'elle est interdite à la baignade par arrêté du wali. Des pneus et d'autres rejets constituent le décor dès l'accès à Zigou Beach. Cet état a été porté à l'extrémité le week-end dernier. Etendard rouge : la mer est trop agitée. Les vagues ont donné à l'eau une couleur ocre. « L'été, c'est fini ! », s'exclame un jeune estivant. L'étendard rouge n'a pas empêché les gens de se baigner, sans qu'ils s'éloignent toutefois du rivage. Faute de mieux, plusieurs centaines de personnes se sont installées dans le rivage, sous un parasol, autours d'une table. La présence de tout ce beau monde fait penser à une forte affluence. Erreur ! « La plage a l'habitude de recevoir des milliers de personnes au point où il n'est pas possible de circuler librement », indique un habitué des lieux. Une habitude qui risque de ne plus se renouveler.
