Le procès-verbal sanctionnant les rencontres entre Mme Benghebrit et les syndicats n'a pas été signé à cause du rejet par les partenaires sociaux de la proposition d'adoption d'une charte d'éthique et de stabilité. Dans un communiqué rendu public à l'issue des rencontres de mercredi et jeudi, le ministère de l'Education nationale a précisé que «le procès-verbal commun a buté sur le dernier point engageant l'ensemble des parties à la rédaction d'une charte d'éthique et de stabilité dans le secteur de l'éducation, et donc n'a pas été signé». Le ministère, qui «laisse les portes du dialogue ouvertes», a indiqué que cette charte permettra d'«assurer un climat favorable à la construction d'un processus favorisant l'émergence d'une école de qualité». Les syndicats ne l'entendent pas de cette oreille et soupçonnent le ministère de les priver du seul moyen en leur possession pour faire aboutir leurs revendications. «Les décisions prises lors de la rencontre de mercredi, que ce soit l'installation d'une commission pour la révision du statut, l'effet rétroactif ou encore les rencontres qui seront ouvertes avec les directeurs de l'éducation sont, certes, une petite victoire, mais le ministère voulait conditionner la signature du PV de réunion de la veille par l'acceptation d'une charte d'éthique. Nous avons refusé de signer parce que nous estimons qu'on ne peut pas abandonner les armes que sont les actions de protestation sans avoir fait aboutir les revendications des travailleurs», relève Idir Achour, coordinateur du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), qui a accepté de participer, avec ses partenaires de la Coordination des syndicats de l'éducation (CSE) aux rencontres de mercredi et jeudi. Raidissement des positions ? Le Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), autre membre de l'Intersyndicale, a refusé de signer la charte proposée par Mme Benghebrit en raison de l'«absence d'une méthodologie». «Nous n'avons pas refusé sur le principe le texte de la charte, mais nous avons voulu le faire accompagner d'une méthodologie qui devra nous permettre de trouver des solutions à nos différentes revendications», estime Meziane Meriane, coordinateur du Snapest. La fausse note de jeudi ouvrira-elle la voie à une radicalisation du mouvement ? Les membres de l'Intersyndicale, qui ont débrayé les 10 et 11 février dernier, se «donnent du temps» pour voir quelle position adopter dans les prochains jours. «On attend l'évolution de la situation. Nous avons décidé, entre syndicats de la coordination, de laisser la session ouverte jusqu'au 26 de ce mois au maximum. Nous discuterons des positions qui seront prises et éventuellement nous irons vers un mouvement de protestation», signale Idir Achour. La rencontre, qui s'est déroulée mercredi à huis clos, a permis d'aboutir à certains points acceptés par les différents partenaires, à l'exception du Cnapest qui a préféré ne pas poursuivre les négociations. Il s'agit de l'installation, le 2 mars, d'une commission mixte chargée de réexaminer les statuts des travailleurs de l'éducation, de la mise en place un calendrier pour la mise en œuvre des PV signés depuis l'ouverture des négociations et de l'organisation de rencontres entre les syndicats et les directeurs de l'éducation des wilayas, pour régler les problèmes en suspens au niveau local. Par ailleurs, un accord a été trouvé pour de mise en place de l'effet rétroactif dont bénéficieront «à partir de mars» les enseignants recrutés en 2012.