Une bonne récolte, pour un rendement moindre, pour cette année où la mouche à olive n'a pas été très nuisible. Les effluves de margines titillent agréablement les narines. Une forte imprégnation olfactive qui ne trompe pas : on est en pleine cueillette des olives à Ighram. Les vergers oléicoles, dominés par la variété achemlal, ploient jusqu'au sol sous le poids des olives gorgées de fruits. Les piémonts et les versants des collines sont investis dès la pointe du jour par des processions de familles. Le piaillement des enfants, en ce dernier week-end ensoleillé du mois de janvier, donne à cette cueillette la suave allure d'une kermesse bucolique. En plus d'offrir ce succulent nectar des dieux aux mille vertus, l'olivier réconcilie, le temps d'une olivaison, le citoyen avec sa terre nourricière. «La récolte de cette année est prolifique. Nous avons enregistré une progression significative par rapport à l'olivaison écoulée», souligne, avec une pointe de satisfaction, un oléiculteur du village Taslent. Notre interlocuteur explique, néanmoins, que le rendement a quelque peu marqué le pas : «Cela tourne entre 16 et 19 litres par quintal. On est loin des pics de 25l/q obtenus ces dernières années.» Un autre exploitant du village Tighilt Makhlouf explique que l'évolution en dents de scie des rendements est un phénomène somme toute normal. «Nous savons d'expérience que les rendements fluctuent au gré des saisons et que les récoltes précoces contribuent à tirer la productivité vers le bas», dispose-t-il, un tantinet stoïque. Un paysan du village Irsen estime, pour sa part, que le procédé archaïque de récolte est l'un des facteurs-clés conduisant au déclin des récoltes en volume et en productivité. «Le gaulage pratiqué un peu partout inflige des blessures aux fruits, ce qui donne une huile acide, casse les jeunes pousses, fait chuter la production l'année suivante et provoque des blessures sur le bois ; celles-ci deviendront un foyer pour les parasites de l'olivier», explique-t-il. Un oléifacteur d'Ighram affirme pour sa part que le stockage prolongé avant trituration, autant que les conditions de ce stockage, sont à l'origine de la détérioration de la qualité de l'huile extraite. «Beaucoup d'exploitants ont recours aux sacs en jute ou en plastique pour conserver leurs olives. A la fin, ils obtiennent une huile avec une odeur de moisi et de chaume», dit-il. Par ailleurs, les propriétaires de vergers notent un faible impact de la mouche de l'olive (dacus) sur les baies. Bien que l'infestation par ce parasite soit signalée dans bien des localités, rapporte-t-on, elle a rarement dépassé le seuil de nuisibilité.