Signature, hier à Alger, d'un accord pour la promotion de la langue amazighe entre le HCA et le ministère de l'Education nationale. Le ministère de l'Education nationale et le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) ont signé, hier, un accord de partenariat pour la promotion de la langue amazighe, à l'occasion de la Journée internationale de la langue maternelle instituée par l'Unesco en 1999. L'objectif de cet accord est d'«agir par des mesures particulières au sujet de l'enseignement de tamazight dans toutes ses variantes, à son amélioration et sa prise en charge à travers le territoire national», a précisé le HCA, qui a organisé une journée d'activité au cinéma El Khayam (ex-Debussy). Une commission technique de suivi commune, composée de spécialistes, linguistes et pédagogues, proposée par le HCA (8) et le ministère de l'Education nationale (7), a été installée avec pour mission de «discuter d'observations relevées sur le terrain quant aux difficultés d'ordre objectif ou subjectif faisant obstacle à l'attractivité et l'avancée de l'enseignement de tamazight aux plans qualitatif et quantitatif». Intervenant à l'occasion de la journée à laquelle ont été conviés différents corps impliqués dans l'enseignement de tamazight, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a évoqué la «généralisation progressive» de l'enseignement de la langue dans ses différentes déclinaisons locales. Mme Benghebrit a parlé d'une «petite régression» dans la prise en charge de cet enseignement, puisque de 16 wilayas au départ, la langue amazighe n'est enseignée actuellement que dans 11 wilayas. Le secrétaire général du HCA, Assad Si El Hachemi, impute cette «régression» au faible engouement des apprenants en raison du «caractère optionnel» de la matière (des autorisations parentales sont exigées), à l'insuffisance dans l'encadrement (1850 enseignants) et d'inspecteurs (une vingtaine). Une volonté politique «forte» nécessaire «Nous pensons qu'on doit rendre obligatoire l'enseignement de tamazight dans les régions amazighophones d'abord ; on doit aussi revenir dans une première étape aux 16 wilayas où était enseignée au départ cette langue, étendre à court terme cet enseignement dans 24 wilayas et ; à long terme, grâce à une décision politique forte, généraliser aux 48 wilayas du pays mais aussi dans l'émigration», résume le secrétaire général du HCA, qui met en exergue la «forte demande sociale» décelée par son institution lors des sorties dans les différentes wilayas du pays (El Bayadh, Naâma, Tébessa, etc.). «Il faut rendre effectif le caractère national de cette langue. Nous pensons que nous pouvons aller vers 24 wilayas d'ici deux ans», relève Assad Si El Hachemi, qui s'est entouré de personnalités en vue dans le domaine des études amazighes, à l'instar de Mustapha Benkhemou qui est à l'origine, avec deux autres étudiants de l'ex-Crape (Amar Yahiaoui et Amar Zentar), de Amawal n tmazight tatrart (lexique de berbère moderne). Un travail de collecte du patrimoine linguistique et culturel des régions amazighophones d'Algérie a été engagé par le HCA ; il en sortira «un dictionnaire qui sera prêt à l'horizon 2016». «Ce travail, qui a nécessité la mise en place d'un comité de spécialistes, s'intéresse aux différentes variantes locales de tamazight. Un programme de sorties sur le terrain est lancé au profit des équipes de recherche pour la collecte du patrimoine et à terme permettra d'aller vers un amazigh standard», indique-t-il en substance. Rappelons que le projet de réactivation des cours de berbère à la faculté centrale (Benkhedda Benyoucef) est abandonné. Tahar Hadjar, recteur de l'université d'Alger, qui a défendu cette démarche lors d'une réunion organisée par le HCA dans l'amphithéâtre où étaient dispensés les cours par le défunt Mouloud Mammeri (1917-1989), se serait rétracté…