Lors d'une conférence à la salle Franz Fanon de Riadh El Feth (Alger), hier, le collectif Nabni a remis en cause le modèle actuel de développement, basé exclusivement sur la rente pétrolière, qui ne permet pas d'affronter les défis et les chocs externes. Trois ans après un premier signal d'alarme sur la fragilité de la situation économique du pays resté sans écho, le collectif Nabni remet ça et suggère un plan d'urgence à court terme pour éviter le naufrage. «A court terme, il ne s'agit pas de réagir brutalement comme on l'a fait dans les années 1980, mais de prendre des mesures pour engager de grands virages», a expliqué, hier, Zoubir Benhamouche, membre du collectif, lors d'une conférence de présentation des contours dudit plan à la salle Franz Fanon de Riadh El Fath (Alger). Selon lui, le modèle actuel de développement, basé exclusivement sur la rente pétrolière, ne permet pas d'affronter les défis et les chocs externes, d'où l'urgence d'opérer les réformes «nécessaires et fondamentales» indépendamment de la chute brutale des prix du pétrole. Outre l'amélioration de l'efficacité de la gestion des dépenses publiques, ce plan inclut des suggestions pour réussir des transitions dans le domaine énergétique, économique, dans la redistribution sociale, le système de santé publique et l'environnement, détaille-t-il, précisant que la réforme des institutions, aujourd'hui source de blocage du développement, est capitale pour assurer la réussite de l'ensemble des réformes. Au cœur dudit plan, dont la publication complète est prévue pour les prochains mois, le collectif a retenu la décentralisation, l'initiative privée, la transparence des règles de gouvernance comme des «éléments capitaux du progrès». Le collectif Nabni suggère aussi le rétablissement de la confiance pour «refonder» le contrat social entre l'Etat et les citoyens. De la part des décideurs, le think tank espère devenir un signal politique de bonne volonté dans la transparence dans le processus de décision politique, la constitutionnalisation de l'interdiction de l'usage de la rente afin de rendre l'industrie plus compétitive et l'amélioration du climat des affaires. Le plan d'urgence de Nabni vise entre autres, selon l'orateur, à «sécuriser notre trajectoire de développement» et «créer à court terme les conditions d'un nouveau modèle de développement». Pour faire avancer les réformes, le collectif recommande surtout la mise en place d'une «task force». Alors que l'économiste Mourad Heddir a déploré, lors de la rencontre, le fait que l'on encourage le commerce au détriment de l'investissement productif, l'expert financier Lyes Kerrar a pointé du doigt le poids de la bureaucratie qui empêche la création de richesses. Ce dernier a plaidé pour une «réforme de fond» à même de lever les contraintes qui plombent l'acte d'investir. Comme piste de réflexion, l'intervenant a recommandé notamment la mise en place de zones franches et l'institution d'une fiscalité foncière.