Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a confirmé hier qu'Alger n'est pas spécialement fâchée contre Le Caire après le bombardement aérien de l'armée égyptienne des positions du Daech en Libye. Le bombardement de l'aviation égyptienne d'un site de l'organisation terroriste dite ‘'Etat islamique'' (EI/Daech) en Libye n'est pas de nature à changer fondamentalement l'engagement des pays de la région pour un dialogue inclusif en Libye», a-t-il répondu à une question d'El Watan hier lors d'une conférence de presse avec son homologue néerlandais, Bert Koenders, en visite de deux jours en Algérie. «Je ne crois pas que ce qui s'est passé (en Libye) soit de nature à changer fondamentalement l'engagement des pays de la région en vue d'aller vers un dialogue inclusif, une réconciliation nationale et des institutions représentatives dans ce pays», a expliqué M. Lamamra. Mieux encore, le MAE suggère même que la réaction de l'armée égyptienne était justifiée même au-delà des frontières du pays après la décapitation des 21 coptes par Daech. «Comme vous le savez, les gouvernements ont l'obligation d'assurer la dignité et la sécurité de leurs ressortissants à l'étranger. Il y a une vaste gamme de moyens d'assurer cela et certains sont plus exceptionnels que d'autres», a glissé le chef de la diplomatie algérienne, qui prône la solution politique en Libye. Ramtane Lamamra trouve une sorte de circonstances atténuantes aux bombardements de l'armée égyptienne qu'il n'a pas jugé utile de commenter. «(…) Il n'appartient pas à l'Algérie d'en débattre ou de le commenter». Pour M. Lamamra l'urgence est de travailler «avec l'Egypte et avec d'autres parties pour transcender cette conjoncture difficile et faire en sorte que tous les Libyens, à l'exception des terroristes, puissent ensemble avancer vers la réconciliation nationale par le dialogue et vers cette sortie de crise à laquelle toute la communauté appelle».Ramtane Lamamra a assuré que l'Algérie et l'Egypte sont engagées dans la recherche «d'une solution politique en Libye, ainsi que réitéré lors d'un débat au Conseil de sécurité». Caution au bombardement égyptien ? Il a même suggéré qu'il faut réfléchir à une formule de soutien militaire et logistique à l'armée libyenne pour faire face aux terroristes de Daech. Officiellement, il n'y a donc point de froid entre Alger et Le Caire, même si le siège de la Ligue arabe s'est fait bruyamment l'écho des échanges pas très diplomatiques entre Le Caire et Doha. Quid de la crise malienne ? Ramtane Lamamra, qui a personnellement assuré la médiation entre les représentants du gouvernement et ceux des groupes armés à Alger, affiche un optimisme mesuré. Et pour cause, «c'est déjà bien qu'il y ait un dialogue ; quand au cessez-le-feu, je sais qu'il n'est pas trop respecté, mais il faut donner un peu de temps aux représentants d'informer leurs troupes sur le terrain. On verra prochainement, quand il sera question de trancher les questions politiques», précise-t-il. Optimisme mesuré au Mali Le MAE se félicite, certes, de la signature de la déclaration du cessez-le-feu à Alger, mais reste pragmatique face à la réalité du terrain et les manipulations internes et externes. «Je peux vous dire qu'il y a chez les représentants des groupes armés et du gouvernement maliens une volonté d'aller vers une solution politique globale. Il y a un optimisme raisonnable», glisse M. Lamamra, en fin diplomate. Son invité, Bert Koenders, qui n'est autre que l'ancien chef de la Minusma au Mali et qui a séjourné plusieurs fois en Algérie, en sait quelque chose : «Je suis sensible au travail et aux efforts de M. Lamamra pour restaurer la paix entre Maliens. De la même manière, mon pays soutient la solution politique prônée par l'Algérie pour le règlement de la crise libyenne.» Le ministre néerlandais des Affaires étrangères et européennes s'est dit «heureux de revenir en Algérie», promet de renforcer la coopération avec l'Algérie dont tous les chefs de la diplomatie ont présidé la cérémonie de signature d'un mémorandum d'entente sur les consultations politiques entre les ministères des Affaires étrangères d'Algérie et des Pays-Bas.