C'est à la mi-septembre que se tiendra, à Singapour, l'assemblée générale du Fonds monétaire international (FMI). Une réunion que l'on s'accorde d'ores et déjà à considérer particulièrement importante ce qu'elle pourrait même consacrer un grand changement d'orientation portant, entre autres, sur son objet et sur son organisation structurale. Pour rappel, c'est en 1944 que quarante-cinq pays, réunis en conférence, à Bretton Woods (New Hampshire, aux USA) se sont mis d'accord sur les projets de statut de trois institutions : le FMI, la Banque mondiale (BIRD) et le GATT devenu l'OMC, dont l'adoption a été votée en 1945 par une majorité d'Etats membres. Le monde sortait à peine de la Seconde Guerre mondiale qui avait mis à mal l'économie de tous les Etats avec des effets néfastes au plan international, sans parler des incidences du grand krach de Wall Street de 1929. Il y avait alors nécessité d'imaginer un système aussi idéal que possible à travers la fondation d'une sorte de banque supranationale capable de mettre en œuvre des politiques locales forcément impopulaires, mais néanmoins (absolument) indispensables. Le débat tournait alors autour des théories défendues par l'Anglais John Maynard Keynes, qui a donné naissance à sa doctrine basée sur l'analyse dite « keynésienne » qui se situe dans une vision macroéconomique, stimulation de la consommation, sous certaines conditions, des investissements publics avec un rôle nouveau dévolu au budget de l'Etat modulable en fonction de la conjoncture, etc. Au plan monétaire, Keynes était opposé au système de l'étalon-or alors en cours qui, à ses yeux, était inadapté pour différentes raisons, notamment en ce qui concerne les liquidités, la confiance, la régulation économique mondiale… Sous l'influence de la puissante Amérique, soutenue par la Grande-Bretagne, le dollar devient l'étalon référentiel fonctionnant sur une parité dirigée, avec obligation pour tous les Etats membres du FMI de rendre leurs monnaies convertibles pour les opérations courantes. Et même l'ex-Union soviétique s'est ralliée plus tard à cette exigence, lorsqu'elle a ratifiée son adhésion au fonds sous la forme d'un « accord d'association spécial » conclu en octobre 1991. A son origine, le FMI, selon ses statuts, visait, en résumé à : promouvoir la coopération monétaire internationale à travers un mécanisme de consultation et de collaboration en relation avec les problèmes monétaires internationaux ; faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce international et contribuer ainsi à l'instauration et au maintien de niveaux élevés d'emploi et du revenu réel et au développement des ressources productives de tous les Etats membres, objectifs premiers de la politique économique ; favoriser la stabilité des changes, maintenir entre les Etats membres des régimes de change ordonnés et éviter les dépréciations concurrentielles des changes ; aider et établir un système multilatéral de règlement des transactions courantes entre les Etats membres et éliminer les restrictions de change qui entravent le développement du commerce mondial ; donner confiance aux Etats membres en mettant les propres ressources générales du fonds à ceux empruntés par lui, temporairement à leur disposition, moyennant des garanties adéquates, leur fournissant ainsi la possibilité de corriger les déséquilibres de leur balance des paiements sans recourir à des mesures préjudiciables à la prospérité nationale ou internationale, tout en abrégeant la durée et en réduisant l'ampleur de ces déséquilibres. Le FMI agit en quelque sorte en qualité de prêteur sous la réserve qu'il lui est permis d'assurer un suivi des fonds fournis : c'est ce que l'on appelle les conditionnalités imposées. Au nombre des formules de financement en usage, on citera le droit accordé à un Etat d'émettre des tirages spéciaux dits « DTS », une forme de monnaie sculpturale internationale, tout à fait inédite, utilisée comme une source de liquidité supplémentaire. Les DTS permettent aux membres du FMI demandeurs de les utiliser par exemple pour faire face à un « niveau déprimé » des réserves de change des pays en développement ou encore ceux de l'Est, à charge pour eux de se soumettre à des politiques sévèrement restrictives pour rééquilibrer leur balance des paiements. Ils sont aussi souvent utilisés par les pays qui s'engagent dans l'accélération de leur transition économique, de relancer leur économie et de sortir de la récession.