La Turquie et le Qatar, qui ont financé et soutenu militairement le renversement, durant l'année 2011, du régime de Mouammar El Gueddafi, n'auront pas leur part du «gâteau libyen». Ainsi en a décidé, dimanche soir, le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. La raison ? Le gouvernement Al Thani reproche notamment à la Turquie de soutenir ses rivaux, ainsi que des groupes terroristes, comme Ançar Charia. Bien évidemment, les entreprises turques sont les premières à faire les frais de cette décision, puisqu'elles ont tout simplement été exclues de tous les projets publics. Pour allier le geste à la parole, Abdallah Al Thani a ordonné sans plus attendre la révision de «tous les projets accordés à des compagnies étrangères et d'écarter les compagnies turques de tous les projets dans l'Etat libyen». Les compagnies turques ont, rappelle-t-on, remporté plusieurs contrats en Libye, notamment dans les travaux publics et le bâtiment, pendant et après l'ère de Mouammar El Gueddafi. Prise à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres du gouvernement dimanche, à Bayda, lors de laquelle il a été question de revoir les différents contrats conclus entre le gouvernement Al Thani et les compagnies étrangères, la décision du gouvernement libyen d'évincer la Turquie était dans l'air depuis la semaine dernière. Abdallah Al Thani avait menacé de prendre des mesures visant à arrêter tout traitement avec les partenaires étrangers, à la suite de ce qu'il a qualifié «d'ingérence turque dans les affaires intérieures de son pays». «L'ingérence turque a un effet préjudiciable sur la sécurité et la stabilité du pays», avait déclaré Al Thani dans des déclarations aux médias. évaluation du risque terroriste Le gouvernement turc n'a sans doute pas pris la menace au sérieux, puisque l'accusation d'Al Thani n'a suscité aucune réaction à Ankara. Pour le moment, les Turcs ne sont décrétés persona non grata que dans l'est de la Libye. Mais dans le cas où le gouvernement Al Thani parviendrait à reconquérir Tripoli, il se pourrait que les firmes turques opérant actuellement à l'Ouest soient aussi obligées de plier bagage et pour longtemps. Quoi qu'il en soit, la sortie d'Al Thani est un véritable coup dur pour la Turquie qui comptait faire de l'ex-Jamahiriya l'une de ses principales bases pour conquérir les marchés maghrébins et sahéliens. Quid réellement maintenant du risque terroriste en Libye ? Pour en avoir le cœur net, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a souligné, hier à Alger, la nécessité de déterminer la capacité de nuisance de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) en Libye et dans d'autres pays et de définir avec précision la menace qu'elle représente. Dans le cas où ce risque terroriste serait élevé, l'Algérie n'écarterait pas complètement l'éventualité d'une riposte. «Des consultations ont lieu avec plusieurs pays en vue de définir la capacité de nuisance de l'organisation terroriste Daech en Libye et dans d'autres régions afin de mobiliser les moyens pour l'empêcher de se déployer au-delà des frontières libyennes», a fait savoir M. Lamamra dans une conférence de presse conjointe avec son homologue néerlandais, Bert Koenders. Le chef de la diplomatie algérienne a soutenu, en outre, que «l'Algérie est préoccupée, comme les autres pays du monde, par la menace que représente l'organisation terroriste Daech pour la sécurité et la stabilité de la Libye et des pays voisins». S'agissant de l'action militaire menée en solo par l'Egypte en Libye la semaine dernière (bombardement d'un site de Daech), Ramtane Lamamra a affirmé que celle-ci «n'est pas de nature à changer fondamentalement» l'engagement des pays de la région pour un dialogue inclusif en Libye.