Le divorce est un drame pour de nombreuses familles. A mesure que les années passent, de plus en plus de couples, fraichement mariés, entament les procédures de divorce. Il faut noter que beaucoup de femmes pâtissent de cet état de fait, victimes en premier lieu du code de la famille, que certains ont rebaptisé «code de l'infamie». Témoignage à Oran d'une femme divorcée, mère de trois enfants. «Le divorce a été pour moi une expérience douloureuse», raconte-t-elle. «Déjà, à la première «jelssa», face au juge et au greffier, on commence bien sûr par l'homme. Honneur aux hommes si je puis dire. Mon ex-mari dit qu'il veut divorcer. Quand arrive mon tour, je dis que j'ai trois enfants avec lui et ils ont besoin de nous deux, et de ce fait, je n'accepte pas le divorce sachant qu'il n'y a aucun motif. Le juge dit alors : «el 3assaba bi yed el rajoul» (c'est l'homme qui décide). Même sans motif, l'homme a le droit de mettre fin à une relation». Cela n'est pas tout : «Il y a une autre injustice, déjà envers les enfants à qui il doit donner la «nafaka» de 4000 DA, sans prendre en considération l'âge de l'enfant. Est-ce qu'un enfant de deux ans a les mêmes besoins qu'un enfant de 10 ans?». La «nafaka» est généralement entre 3000 et 5000DA, pour subvenir aux besoins des enfants. «Voilà pourquoi on voit de jeunes mamans traîner dans les rues avec des bébés». Cela ne s'arrête pas là : on apprend qu'un père peut voir ses enfants quand il veut car le droit de visite n'est pas une obligation. «Comment expliquer alors aux enfants que voir leur papa n'est régulier? Que ce dernier les voit seulement quand ça lui chante? Les enfants sont perturbés suite à cette injustice. Pourquoi ne sanctionne-t-on pas un père qui fuit ses responsabilités? Ce qui se passe est tout le contraire: femme sanctionnée avec risque de lui enlever «hadhana», des enfants perturbés, et un homme qui fait ce qu'il veut avec la loi qui lui donne tous les droits». Autre injustice, celle relative au nouveau code de la famille : «On dit que le nouveau code de la famille est super par rapport au logement. Je veux bien le croire sauf que la loi s'arrange toujours pour assister l'homme». Exemple concret : «Le mari a le droit de dire qu'il ne peut pas offrir un logement ou une location à ses enfants, ce à quoi la loi lui répond qu'il peut alors se contenter d'une somme équivalente pour payer une location. C'est-à-dire au lieu de louer un appartement à ses enfants, il envoie de l'argent pour une location. Et c'est donc à la mère de louer. Tout l'enjeu est là ! Il y a du vice derrière cela ! Parce que, à ce moment-là, l'homme va accepter d'envoyer chaque mois la somme de location, qui est de 8000 DA. Je pose la question: depuis quand on loue à 8000 DA? Où loger à 8000 DA? Voilà pourquoi les femmes se baladent dans la rue, et qu'on les traite de trainées. Ce sont des femmes abusées par la justice, par l'homme!» Puis il faut savoir, raconte notre interlocutrice, qu'une femme divorcée, avec des enfants, n'a pas le droit de refaire sa vie. «Et si elle s'obstine, s'entête à refaire sa vie, elle le fait sous la menace de son ancien partenaire qui a le droit de prendre les enfants. Pourquoi priver cette femme de se remarier? Ou plutôt pourquoi priver la femme de ses enfants juste parce qu'elle veut se marier avec un autre? Le beau-père ne peut pas être pire que la rue! Il y a comme une volonté de marginaliser la femme divorcée. Pour cela la loi revient en force pour assister l'homme qui accuse son ex-femme de jariya». En outre, une mère divorcée ne peut prétendre à aller de l'avant dans sa carrière professionnelle, ou du moins très difficilement. «Pour décrocher un contrat de travail à l'étranger, ce n'est même pas la peine d'y penser. La loi te dit que tu n'as pas le droit car le papa a le droit de visite, si tu pars, tu le priverais de voir ses enfants. Tu auras beau leur expliquer que le père ne vient jamais les voir, cela ne changera rien, il faudra son autorisation». Pire que cela : «Même pour voyager avec ses enfants, on va à l'aéroport avec la peur au ventre de crainte qu'on nous demande l'autorisation du père. C'est un coup à humilier en public la femme, et perturber davantage les enfants. Le père, de son côté, a le droit de voyager, et même de s'installer à l'étranger». «En conclusion, dit-elle, la femme divorcée dépendra toujours de son ex- époux et vivra sous sa menace, dans la peur».