L'expert financier Rachid Sekak estime qu'avec un baril de pétrole à 70 dollars, le Fonds de régulation des recettes (FRR) sera épuisé en deux ans. Selon un compte rendu de nos confrères du site d'information Maghreb émergent, Rachid Sekak, qui s'exprimait mercredi dernier au cours d'une rencontre organisée par la société Light Ideas, a déclaré qu'«au rythme des dépenses actuelles, l'Algérie aura encore 60 milliards de dollars de réserves de changes en 2019 avec un baril moyen à 60 dollars et 90 milliards avec un baril à 70 dollars». Pour l'expert, il n'y a donc pas d'inquiétude en ce qui concerne les ressources en devises ; par contre, dans tous les cas de figure, le FRR sera épuisé en deux ans, poussant le pays vers une spirale qui risque de devenir incontrôlable. M. Sekak rappelle qu'en 2014, malgré un baril à 98 dollars, le déficit du Trésor s'est élevé à 30 000 milliards de dinars, ce qui représente 17% du PIB. Avec un baril à 70 dollars, il faudra trouver l'équivalent de 23 milliards de dollars pour équilibrer le budget et 28 milliards si le baril est à 60 dollars. Par ailleurs, Rachid Sekak estime qu'en maintenant les rythmes actuels de dépenses, la dette publique, qui atteint aujourd'hui 8% du PIB, sera multipliée par neuf en 2019 avec un baril à 70 dollars et atteindra 60% du PIB avec un baril à 60 dollars. Dans ce cas de figure, le gouvernement sera tenté d'agir, selon l'expert, sur la parité du dinar car il sera très facile de trouver des ressources budgétaires en dévaluant le dinar, mais cela se traduira par une inflation qui risque de tout détruire, avertit l'expert. Pourtant, rappelle-t-il, le plan 2015-2019 est constitué à 80% des fameux «restes à réaliser» des deux plans antérieurs, ce qui signifie que des projets sont inscrits, budgétisés mais non réalisés. Sur un autre plan, Rachid Sekak déplace les priorités en matière d'hydrocarbures. «La question fondamentale n'est pas celle des prix, mais celle de la quantité» à produire et à exporter, dit-il, rappelant que «le repli de la production est une réalité». «La valeur ajoutée a diminué d'un quart depuis 2008» malgré un rebond annoncé en 2014, dit-il. Plusieurs facteurs ont, selon lui, contribué à ce reflux de la production et des exportations, dont le boom de la consommation locale. «En gros, on consomme la moitié du pétrole et le tiers du gaz produits», alors que l'Algérie a importé 4,7 milliards de dollars de carburants en 2014, rappelle M. Sekak.